Postiers en deuil
Jean Claude Blanc
Postiers en deuil
Ce soir j’ai la rage, envie de tout casser
Un collègue de boulot, vient de se balancer
Pourtant c’était écrit, tout le monde le répétait
Le suicide est un mal, qui ronge les postiers
Une de l’information, l’enseigne des PTT
Tu parles d’une devanture, plutôt cordon funèbre
Un agent de guichet, qu’était dans les ténèbres
Tout seul dans son bureau, lui, il s’est balancé
J’en veux au monde entier, à ces chefs qu’orchestrent
Notre vie de labeur, qui est pleine de détresse
Mais faut pas en parler, des fois, ça gênerait
On nous prend pour des niais, on veut nous rassurer
Maudites soient leurs consciences, à ces hauts fonctionnaires
Qui font péter leur science, tout révolutionner
Putain de lien social, mais qu’est qu’on en a fait
On nous fait plus confiance, c’est pure lâcheté
Une famille en deuil, des enfants éplorés
Quelques mots griffonnés, juste pour témoigner
A tchao la compagnie, en avait plus qu’assez
Le grand dialogue promis, il n’a pas eu d’effet
Monsieur le président des pets des PTT
Je vous plains bien ce soir, face à votre miroir
Z’êtes seul responsable avec pauvre Kaspar
Le rapport est tombé, vous deviez nous combler
Ce que c’est qu’une vie, mais vous vous en foutez
On dit c’est le destin, on ne l’a pas poussé
On n’a rien vu venir, comment le deviner
Qu’est-ce que font vos ressources, du social, avisées
La dure vérité est dure à digérer
On compresse, on malaxe, les cerveaux perturbés
Le pauvre amochée, il est abandonné
Retourne contre lui, la culpabilité
Camarades de tous poils, on doit tous s’insurger
Faire cesser ces horreurs, faut nous foutre la paix
Les sondages intérieurs, ne sont guère flatteurs
Mais on les montre pas, tellement ils font peur
Mes pensées solidaires, à ce frère de labeur
Qu’est mort au champ d’horreur, près de ses supérieurs
On va nous cajoler, quelques temps c’est d’usage
Nouvelle commission, pour apaiser l’orage
C’est mon cri de détresse, et de désespérance
Messieurs les Procureurs, c’est à vous de juger
Manque d’assistance à personne en danger
Est punie par la loi, faut vous y employer
Je préfère m’arrêter, tellement j’ai la haine
Il est bien détraqué notre fameux système
Notre boite est gérée, comme armée mexicaine
Personne n’est responsable, on connait la rengaine
Au postier inconnu, je lui dédie mes larmes
Va pas en rester là, il n’est pas mort pour rien
La liste se rallonge, tire la sonnette d’alarme
On a beau s’inquiéter, la boite se dédouane
Postier s’est suicidé, laconique baratin
On te sert à souper, le sinistre refrain
Des rapports à la gomme, seront servis demain
Bien sûr on n’y croit plus, la com c’est du boudin
Moi-même un peu fêlé, je me pose des questions
Voudrais me sacrifier pour sauver les copains
Et faire dérouiller les sinistres clampins
Ceux qui ont tout compris, mais passent pas à l’action
Adieu pauvre copain, les postiers sont en deuil
Toujours les responsables vont faire profil bas
Ralentir les réformes, le temps qu’on se recueille
La machine à broyer, on peut pas l’arrêter
JC Blanc 2/11/2012 (hommage à ce camarade tombé en chemin)
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