Pour les en-dehors
june
Pour tous les insomniaques, le regard tourné vers la mer sur le poster, la cigarette au bec, un fond sonore pas très fort. Pour tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leur vie. Ou qui savent, mais qui n'agissent pas. Paresse, bombe à retardement qui passe de mains en mains, sauf dans les leurs. Leurs corps se relâchent sous l'effet des joints, une quatre dix taffes et ils se le passent, en ronde comme les anciens. Ils sont toujours célibataires, leurs cœurs noircis se dessèchent à l'ombre des palmiers. Ils sourient et leurs yeux pétillent, des crépitements dans la poitrine quand ils se sentent exister. Des putains de cernes sous les yeux et le stylo qui démange, des pages et des pages d'une écriture dense qui se rétrécit au fur-et-à-mesure de la frénésie. Comme elle est partie Jim a les nerfs (…) Elle était son calmant son alcool profond. Comme elle est partie, c'est bête Jimmy tourne en rond. Le ronronnement de la caisse quand ils pleurent en silence sur le volant. Ils chassent les mouches d'un revers de la main, combattent le vide à coup de rencontres hésitantes. Pour tous les paumés, qui ne savent pas encore qui ils sont et qui ne savent pas s'ils le sauront un jour. Pour tous ceux qui n'arrivent pas à prendre de la distance, qui reçoivent les sentiments de plein fouet, pour qui ça fait mal, pour qui ça blesse comme des coups de poing au visage. Et les autres qui les prennent pour des confidents parce qu'ils sont gentils, soit-disant compréhensifs et tout le tintouin. Et pour le bordel laissé par les relations qui hantent, par ceux qui disparaissent comme au jeu du qui est-ce.