Pour un matin que vivre

inky--2

Il est certain soir où l'hymne est si profond

Que toutes les splendeurs s'écroulent au faux du fond

Il est certains moires au vernis des placards

Où tout me dit : " Electronise-toi, vieux photomaton ! "

Une seule poussière qui erre, une seule goutte qui se perd

Me dit : " Viens donc danser avec moi sous la lune obscure "

Un seul antre qui ne sert, un seul gouffre qui s'offre à moi

Et je débarque, A bat les paupières ! sans un cours à mon fil

Il est certains soirs, légers comme une matière

Où nulle torpeur ne s'abat, grasse comme de la cire

Engluant les émois. Il est certains soirs aussi noirs que l'aurore

Il est certains matins, aussi blancs que des vivres

Mais je ne suis pas ivre, le suis-je, aussi proche et lointain du rire

Et je ne suis pas piètre, dirais-je, aussi vertueux soient les oxymores

Mais alors qui suis-je ? Un fatras mommifié ? Un bordel organisé ?

Car il semble que certains soirs, malgré moi, tout soit anamorphosé

Une lueur court vers sa première pâleur, au loin, dans la ville :

Gigantesque vertige ! pour déjà feu des viveurs, Ville je te hais !

Un malheur s'ouvre d'un premier vestige, si proche dans ton coeur

Abracadabrantesque bulbe ! où tu t'imagines, Coeur je te hais !

Je suis assis sur une bite dans la rue d'en face, près d'une vitrine

Je regarde ses reflets dégueulasses et flous, d'un air mélancolique

Je regarde dans la vitre le temps qui passe, bucolique et immonde

Car tout semble plus beau où miroite, fatidique notre monde

Même la source cristalline, faisant d'un tintement le jour second

Mortifie nos états intimes, et nous persuade de vivre féconds

Même dans l'oreille d'un ami, même dans la mie de nos amants

Même dans les fiasques jolies, tout me dit : "

Le flasque est ravissant ! "

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