Precious things.

Christophe Hulé

Le secret est là : que restera-t'il de précieux quand nous quitterons cette terre, ou nous y enfoncerons, les avis divergent sur ce point.

Que regretterons-nous, n'est-ce pas la question essentielle ?

Des proches qui ne le sont plus, ou qui ne sont plus ?

La famille ? Enterrée depuis bien longtemps, enfin ça dépend des gens.

Les amours ? (pour paraphraser Aznavour, sachant que les emmerdes ne nous manqueront pas).


Aujourd'hui j'ai gaffé, un jour ordinaire en somme, j'ai effacé toutes les données de mon disque dur externe.

Plusieurs documents scannés ou enregistrés au fil des années.

Bon, un peu une extension de mon cerveau mais que je pouvais contrôler.

Moi, avec ma gueule d'ado ou d'étudiant, moi sur une scène quand je faisais du théâtre, moi, moi …

Et toutes ces soirées que j'animais alors, avec ma guitare et mon humour, toutes ces soirées qui ne me disent plus rien aujourd'hui.

A une époque, que j'ai connue, on découpait les photos pour faire disparaître une ex, ou plusieurs, je garde des dossiers papiers fermés par des élastiques, comme le dinosaure que je suis.

Maintenant il suffit d'un clic évidemment.

Mais dans sa tête, c'est différent, ces putains de données resurgissent, qu'on ait ou pas de la mémoire.

Même des époques préhistoriques où l'on fréquentait les bacs à sable.

Le cerveau n'a ni partitions ni dossiers, et pas moyen de supprimer quoi que ce soit.


C'est d'actualité, on y parle d'implants dans le cerveau pour nous connecter à l'infini web.

Si je peux y retrouver mes données perdues, je sais que je n'aurai pas les sensations en prime.

Revivre des passions en spectateur froid.

Revivre ne nous est pas permis, malgré toutes ces avancées technologiques, de celles qui produisent la bombe ou les vaccins.

Je parie que chacun aspire à revivre ses amours de jeunesse, et toutes les sensations qui vont avec, qu'aucun logiciel ne pourrait effacer.

Toutes ces choses précieuses que l'on emportera, quoi qu'il puisse advenir.

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