Première Heure
Soons
Je me rapproche avec une incertaine détermination du point de rencontre. La pression. Les papillons. Le stress. La crainte. Toux ceux là dansaient avec une envie folle et impatiente de la voir. Je marche au rythme des brusques battements de mon coeur. Je monte maintenant les escaliers du métro donnant sur la rue de Rivoli. Plus que 170 mètres et les tic tac de cet inconscient compte à rebours seront défitivement éteints.
Je la vois, au loin, entre les deux pelouses du Louvre. Je sais que c'est elle. C'est simple je ne vois qu'elle parmi la foule, une foule de touristes et d'habitués du quartier. C'est comme si un flou s'est abattu sur le paysage qui l'entoure.
Aviator noir sur le nez, cheveux brun pas vraiment coiffé, t-shirt noir, jean foncé, et chaussures en cuir marron. C'est la fin de l'été et le soleil nous charme à la parisienne. Elle me voit et sourit déjà. On se salue par une simple bise, certainement par courtoisie. Mais on est tous deux commes des gosses. A peine arrivé que je lui propose déjà de repartir. A peine la bise achevée et un "ça va?" d'échangé que je lui dis : "Viens, je vais t'emmener quelque part.. tu verras.." Et on est aussitôt reparti d'un pas plutôt déterminé, aussi bien elle que moi, comme si ces premières minutes n'étaient pas vraiment importantes, juste une formalité pour commencer à jouer.
Je l'emmène alors sur le toit du monde. Oui, le toit du monde. Mon toit du monde. Rue des Saints Pères, au septième étage du bâtiment de cette faculté, bâtiment plein d'histoire, plein de mystère. Je vérouille la porte derrière moi et l'invite à escalader la fenêtre afin d'atterir sur une terrasse bien naturellement interdite d'accès. Il faut dépasser les frontières dans la limite du bien fondé. Terrasse que j'avais déjà aménagée lors de mes précédents passages. Aménagée pour pouvoir grimper ces quatre mètres de ce mur qui nous séparent du vide. Et voilà, nous sommes perchés, mais cette fois-ci perchés sur ce rebord qu'aucun bâtiment ne dépasse à des kilomètres à la ronde. Au dessus de tout et de tous, nous avons cette magnifique vue sur Paris, de Montparnasse à la défense en passant par la fameuse dame pour atterir jusque Montmartre et j'en passe. Mais surtout nous avons ce vent qui nous frappe au visage, comme si la liberté nous donnait des claques. Ah qu'est ce que j'aime cet endroit. Le vent souffle si fort qu'il nous fait ce plaisir de nous couper de tout bruit de la civilisation. On est là, on est deux. On est loin.
Je sors alors deux flacons rosés de mon sac pour le plus grand bonheur de ses papilles me confient le vert pétillant de ses yeux et son sourire en coin. Et, goulot aux lèvres nous échangons sur tout, sur nous.
Elle décide de rédescendre sur la terrasse, ne se sentant pas à l'aise face au vide.
Je la regarde alors, vu d'en haut, faisant les cent pas, d'un mur à un autre, à parler d'elle, entre clope et bouteille. Je la regarde, je l'analyse, je l'apprécie, sous tous ses angles, certainement par curiosité ou autre envie indéterminée. J'ai ce petit sourire rien qu'à la voir. C'est con. Sa démarche, sa manière de fumer, ses manies tel que de jeter en l'air sa clope qu'à moitié entamée pour en enchainer une autre, qu'elle jètera, à son tour, de la même manière et au même endroit, quelques minutes après, ce qui sort de toute logique, ou plutôt de toutes mes logiques. Je lui fais remarquer ses petits gestes qui m'interpellent. Mais ça finit par la gêner avec un petit sourire qui parait timidement sincère, sans savoir qu'elle finira par en jouer et ça durant un certain temps, durée que je n'arrive pas, encore à ce jour, à définir.