Prendre mes valises
aile68
Prendre mes valises et le faire ce voyage au bout du monde, c'est comme si j'étais au bout de moi-même, de mon enfance, point de non retour, je suis bien là-bas, dans mes souvenirs d'enfance, ils me portent, me soulèvent, je ne veux plus revenir, rester là-bas, vivre là-bas, je suis comme une fleur de sucre, je ne meurs jamais. Dans le hall de gare de mon enfance, y a un pianiste qui joue "Pierre et le loup", un vieux vélo à ses côtés, il le fait lui son voyage au bout du monde, ce n'est jamais qu'un voyage au bout de lui-même, à la rencontre de personnes qui veulent bien s'arrêter, lui parler. Sans son vélo il n'est plus rien, il a pour tout pour tout bagages de vieilles sacoches de plastique, bleues comme le ciel de tous les pays, et son voyage continue sans fin, avec dans la tête des enfants qui jouent comme s'ils préparaient Noël, impatients, excités, heureux. Le faire ce plongeon dans la rivière, l'accompagner ce voyageur sans limites, le suivre dans ses partitions, ses douces révolutions, le monde n'est à lui que parce qu'il le parcourt, aujourd'hui c'est samedi mon jour préféré, j'éteins la lumière car le jour s'est enfin levé.