Le chien du doc bienfaiteur

mamet

Mon mec, mon héros, ma force de la nature, le voilà en deux courants d'air dans un TGV assailli par la maladie. Un mal de gorge qui l'empêche de manger, même de parler et le force à se rendre au domicile d'un médecin de campagne un samedi soir, le week-end de Pentecôte. On se retrouve devant le portail d'une maison d'un quartier résidentiel qui ressemble à un lotissement anglais accueillis par un Rotteveiller de la taille d'un veau et une femme avec un fort accent russe qui nous dit que son mari, le doc est là mais elle ne sait pas s'il va pouvoir nous recevoir. Elle nous laisse là sous l'oeil bovin du cleps. Et puis le doc arrive avec un sourire et tout en serrant la main nous dit en s'excusant qu'il veut bien examiner mon mec mais qu'il a des invités dans le séjour et que le reste de la baraque est en désordre à cause du futur déménagement. Mais la fièvre augmentant et le souvenir du casse croute du matin non avalé, on accepte cette proposition. Le portail s'ouvre, on emboite le pas du doc, l'un se tenant le cou et l'autre, l'oeil vissé sur le chien. Arrivés dans la cuisine, le malade se trouve à cheval sur un tabouret et moi face à l'insistance de mon hotesse, j'accepte de m'asseoir sur le canap, dos aux invités et face au chien qui se retrouve à 2 cm de mon visage et sa tête fait 2 fois la mienne. Je tente un langage avec les yeux et demande à la bête de s'écarter un peu, ma pudeur ne me permet pas autant de promiscuité avec quelqu'un que je ne connais pas. Mais le body langage ne fonctionne pas sur le chien et le voilà maintenant qui me pousse le bras cherchant la caresse. Je tente un toucher rapide sur son crâne pendant que j'entends au loin d'un côté le doc qui explique à mon mari qu'il a bien fait de venir parce que ça aurait pu être grave et qu'il va devoir prendre une dose de cheval pour éviter une infection importante, et de l'autre les invités qui hésitent entre la fourme d' Ambert et le Morbier mais finalement prennent les deux parce qu'avec le St Jo ça passera bien. Je suis au bord du malaise, je lutte contre ma phobie des chiens et je pense qu'à une chose si je tombe, il me MANGE et je ne connaitrais ni le nom de l'antibio ni celui du fromton choisi. Bon à ce moment là il faut se resaisir ma vieille, c'est pas un clébard qui va t'empêcher...quoique si je changeais de trottoir comme dans la rue mais dans un salon c'est pas facile. Et puis le doc intervient et appelle la bête, l'opportunité est trop belle je bondis du canap et fonce à la cuisine pour demander des explications sur la maladie qui est en fait une angine flegmoneuse, 2ème malaise : le mot me fait peur. Mais non pas d'inquiétude, mon mec est costaud, c'est le doc qui le dit. S'il écoute et prend les médocs comme il faut, dans 3 jours c'est fini. Je m'engage à ce qu'il finisse les boites jusqu'au dernier cachou, non mais.... et le cleps qui pense qu'on peut vivre encore un truc ensemble revient me bousculer la jambe, j'ai tellement peur qu'il utilise ne serait ce qu'une dent de lait de sa mâchoire que j'accepte de lui caresser la tête de nouveau. J'aime pas trop l'idée parce qu'il me fait peur mais j'accepte qu'on soit ami, mais non d'une pipe j'aurais jamais pensé avoir une intimité avec un animal dont la ganache me fait trop peur!
Signaler ce texte