Prenez de la peine.

Christophe Hulé

« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage », disait Boivin, ou un nom approchant.

Travaillez, travaillez, vous finirez bien par faire honte à ceux-là, qui ne savent même pas ce que « travailler » veut dire.

Monsieur de l'Urinoir ne disait pas autre chose : « Travailler, prenez de la peine ! C'est le fonds qui manque le moins ».

Éloge de la paresse ne paie pas le loyer, sauf pour les nantis de père en fils.

Même si certains, trop fainéants et incompétents consument l'héritage « que leur ont laissé leurs parents ».

A moins de jouer à fond la carte de la décroissance, c'est à dire devenir SDF, ou au mieux, et pour un temps seulement, pique assiette.

A toute communauté, aussi farfelue soit-elle, contribution tu devras apporter.

Se dire aussi que  « boulot ingrat » reste un euphémisme et un pléonasme dans la plupart des cas.

Nos ancêtres, s'ils le pouvaient encore, diraient la même chose, avec pudeur et beaucoup d'amour, car ils ont vécu bien pire.

Dans les pays où l'on trouve encore des esclaves pour perpétuer le système inique de la main invisible, on n'a qu'un pâle reflet de ce qu'étaient les labeurs d'antan.

De ces pays, il en reste de moins en moins, et c'est heureux, sauf pour ceux qui n'ont d'autres choix, entre guerres à répétition, corruption ou torture.

Torture physique ou de la pensée.

Est-ce à dire que le libéralisme se repaît de tout cela ?

Ne me faites pas dire ce que je pense !

Bon, mais quelle est l'alternative ?

Une société des loisirs ?

Comme il faut bien de petites mains pour faire marcher tout ça, on pourrait imaginer un turnover révolutionnaire.

Un mois de labeur et un mois de jouissance.

Les mêmes siroteront le cocktail au bord de la piscine, pour nettoyer cette dernière le mois suivant.

Évidemment, les élites seront d'emblée hors jeu, ne sachant même pas se servir d'un balais.

Et c'est là que l'État devra jouer son rôle, pour garantir la paix sociale, voire la paix tout court vu le contexte actuel.

Des stages de mise à niveau concernant les corvées en tout genre.

On touche au privé et au capital bien sûr, mais l'impunité et l'absence de contrepartie nous a mené où nous en sommes.

Les gros à la lanterne !

Imaginez un Bernard Arnault s'échiner à faire les chambres pour un mois entier.

Les instigateurs du projet ont remporté la majorité dans les deux Chambres justement.

Dois-je vous rappeler Monsieur que vous n'avez pas perdu vos employés grâce au chômage partiel, payé au frais du contribuable, vous savez bien, ces insectes qui se lèvent tôt le matin, qui vous permettent de payer les dividendes à vos Dieux de l'Olympe.

Les aristocrates à la serpillière !

La Terreur aura changé de camp.

Quoi M. Capet, vous préférez la guillotine?


- René !

- Quoi merde !

- Oui bonjour aussi mon chéri, c'est l'heure.

- Fais chier !

- Je sais, ton petit déjeuner est prêt, quelques heures à passer.

- Merci ma choute, heureusement que tu es là.

- On se verra ce week-end mon perdreau, je suis de nuit cette semaine.

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