Presque intact

mooona

Nous nous en serions sortis intacts si on ne s’était pas cognés l’un contre l’autre. Intensité des jours immuables et fraternels. Tel un chêne massif et fort, tu m’avais entouré de tes bras presque trop froids. Si on avait été jusqu’au bout…seulement, on était trop pressés. Je n’avais pourtant pas dit mon dernier mot mais la colère était trop puissante, elle a tout dévasté. On aurait dit pourtant…vraiment ! Je n’aurais pu jamais douter, tu m’offrais tout ce qui était en toi, et je prenais tout, j’acceptais tout sans faire le tri. Et puis à force de s’envoler, on perd pied, on s’essouffle, on ralenti la course. Le rêve trop élancé s’est fatigué, la réalité nous a rattrapés. Perdus sans marques et sans chemins pour guider nos cœurs insatisfaits, nous errions seuls chacun de notre bord vers des sentiers broussailleux, écorchés vifs juste là où le feu brûle encore. Dans l’abîme ensanglanté de mon chagrin, anéantie et ravagée, je recherchais la brise du vent et les douceurs de l’automne charitable. Dénudée de toute sensibilité, dévêtue de tout sentiment, plus rien ne me rendait le cœur en joie, ma voix rauque et enrouée n’avait plus la force de hausser le ton, je murmurais seule à moi-même que se détruire n’était pas que faiblesse. La destruction nous offre la possibilité d’assouvir la souffrance dans le rejet, l’abandon. Sans demander pardon, sans crier garde, on remonte, tout doucement, on attend, tout en marchant, droit devant…et on s'en sort, presque intact.

  • Merci à toi Ewelamb, ton commentaire me touche beaucoup. J'ai hate de te lire :)

    · Il y a presque 12 ans ·
    Artlimited img81198

    mooona

  • Fabuleux, beau et tellement bien écrit... La fin nous prend aux tripes, nous fais louper un battement de coeur, nous enchante, nous attriste, nous fais vivre dans ce texte. Merci !

    · Il y a presque 12 ans ·
    Degas classe danse

    Ewelamb

Signaler ce texte