Prières du soir

Mawuli Djolegbehou

Il semble d'ordinaire, que quelqu'un quelque part aie besoin de notre attention, pour trouver un bout de calme dans son âme. Mais il semble aussi, que quelque part nous ayons juste besoin d'un peu de silence, pour attirer une attention méritée.

Les jours passaient, l'usure du moi, à mesure du temps ; et un seul message, le chagrin qui chaque nuit s'installe et me rappelle qu'elle me manque. Le jour est hypocrite, mais la nuit très sincère. Chaque soir, dans la douleur, les gouttes de sang qui suintent de mon cœur écorché vif, se mêlaient à la sueur de mes laborieuses tentatives de l'oublier. Mais toujours, avant que le ciel rabatte ses paupières alourdies sur la ligne diffuse de l'horizon, l'écharde qui m'hameçonne, me rappelle qu'elle me manque. Elle me manquera encore longtemps, peut-être toujours.

Moi, je n'étais que son souffre-douleur, elle faisait toujours des siennes, et me faisait voir de toutes les couleurs. Du silence par lequel elle cisaillait mon âme, à ces délicates caresses dont elle s'appliquait à couvrir ma peau, jusqu'à ses confins, elle faisait trépigner mon cœur, elle était pleine de douceur.

Néanmoins, j'étais désespérément seul en sa compagnie. Son absence quelque part me consolait.

Mais maintenant qu'elle est partie, j'irai chaque soir m'asseoir dans le couloir, seul dans le noir, où le jour n'a plus d'yeux pour voir, ni de cœur pour croire tout le consumérisme dans lequel je me fondrai avec toi, avec ton souvenir mon espérance, pour remplir l'air d'encens, et brûler, avec mes tourments, des cierges, et faire une ou deux prières, pour t'oublier, oublier hier...mais aussi déplorer ma misère en ton absence. Pas pour toi ; mais seulement pour moi, oui pour moi tout seul, faire une prière, telle que tu ne reviennes plus jamais.


... Extraits de Gertrude ma solitude.

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