Primrose, the Dollmaker
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« Nous avons donc convenu de nous retrouver au Greyleen Café la semaine suivante. »
Cassette 3
« Vous pensez sûrement que ce rendez-vous s'est déroulé comme dans une comédie romantique. C'est le cas. Enfin c'est qu'elle a réussi à me faire croire. Nous avons beaucoup discuté, beaucoup ri, nous nous sommes promenés dans un par cet cette magnifique journée s'est terminé dans un petit bar où nous avons pris un verre. J'aurais aimé la raccompagner mais elle m'a dit que ce n'était pas la peine alors je suis rentrée chez moi, perché sur un petit nuage de bonheur. »
« Ce ne fut pas notre seul rendez-vous. Par la suite, nous nous sommes revus de nombreuses fois et un petit espoir s'est alors formé en moi. J'ai commencé à me dire qu'elle partageait peut-être mes sentiments. Mais malgré toutes les taquineries de mes proches, je n'avais pas le courage de me déclarer. Je ne suis pas quelqu'un de timide, pourtant, à chaque fois que j'en avais l'occasion, les mots se bloquaient dans ma gorge et je me dégonflais à la dernière minute. Une peur irrationnelle me prenait les tripes à chaque fois. Aujourd'hui, je sais qu'elle était liée à mon malaise du début, mais à l'époque, j'ai pris cette peur pour une peur du changement. Peur de changer notre relation actuelle, peur qu'elle me rejette, peur qu'elle soit déjà amoureuse ou en couple. En bref, toutes les peurs que connait une personne amoureuse. »
« Au final, les quelques espoirs qui m'avaient effleuré ont fini par s'éteindre, balayés lors de l'un de ces fameux rendez-vous. Comme nous avions l'habitude de la faire, nous nous promenions dans le parc non loin de chez moi. Ce jour-là, il faisait beau et nous avions décidé de louer une barque pour faire un tour sur le lac. Oui, c'était une idée particulièrement niaise qui m'avait traversé l'esprit mais que voulez-vous ? Depuis que je l'avais rencontré j'étais devenu un véritable canard. Alors que nous nous dirigions vers la rive, nous sommes justement tombés sur Lucy, ma sœur, elle aussi en rendez-vous avec sa petite amie. On s'est parlé pendant quelques minutes jusqu'à ce que je remarque l'expression de Primrose. Elle fixait silencieusement ma sœur, le rouge aux joues. Le regard qu'elle lui portait... Je ne sais pas comment le décrire mais... Il dépassait de loin la simple admiration. »
« Mais ce regard n'est pas la seule chose qui m'a fait comprendre que je n'avais aucune chance. Primrose a alors sorti une demande aussi inhabituelle qu'incongrue. Je n'ai jamais oublié ce qu'elle a dit ce jour-là : “Est-ce que je peux te prendre en photo ?”. On était tous les trois étonnés de cette requête. Elle a dû le remarquer parce qu'elle s'est soudainement mise à sortir plein d'excuses différentes, comme quoi elle la trouvait magnifique, qu'elle tenait un studio photo, chose que j'ignorais, et qu'elle souhaitait immortaliser sa beauté. La surprise passée, ma sœur a accepté, certainement touchée par les compliments de la jeune fille. Elle lui a donné sa carte de visite et nous nous sommes quittés ainsi. »
« Le reste de la journée s'est déroulée normalement, même si j'étais plus silencieux que d'habitude. J'avais maintenant la certitude que je ne l'intéressais pas. Jamais elle n'avait eu un tel regard pour moi, jamais elle ne m'avait parlé comme elle avait parlé à ma sœur. J'étais devenu jaloux d'elle. »
« Deux semaines plus tard, la compagne de ma sœur m'a appelé, la voix entrecoupée de sanglots et chargée d'inquiétude. Lucy, ma petite sœur, avait disparu. »