Prisonnière

k-feu-thiers

   « -Et après, quand je serais partie ? Après il y a du blanc ou du noir ? La vie ou la mort  Le paradis ou l'enfer ? Rien ? Une nouvelle vie ? Faites moi une faveur, dites-moi qu'il y a une nouvelle vie. Faites-moi espérer juste un instant, une minute, une seconde. »


Les murs blancs je connais ça depuis cinq ans, cinq ans d'enfermement et de souffrances. Cinq ans depuis le verdict. J'ai juste entendu la sentence et vu mes parents pleurer. Le dossier sur la table. Les regards sur l'avenir gâché. La peine capitale. La mort au bout du couloir.


Ici, la peur règne en maître. Cet endroit sent la peur et la désolation. Les cellules sont alignées, les gardes stressantes. Le monde extérieur est tabou. La mort est l'avenir. Les drogues le moyen de s'échapper. Quand j'ai été seule dans ma cellule j'ai compris : on m'avait piégée, il était trop tard. Sur mon lit insupportablement blanc, je rêve encore de courir dans l'herbe haute et de me débarrasser de cet ombre, de ce bruit qui me suit partout ou je vais. Vous voudriez savoir pourquoi .Les détails, surtout s'ils sont dérangeants. On aime en frissonner, les frôler mais sans les toucher. Personne ici ne me regarde dans les yeux.

Ont-ils peur de ce qu'ils pourraient y trouver ? Une âme meurtrie par les coups et un corps asséché de l'intérieur. C'est donc ce que je suis devenue, mes cheveux sont rares et parsemés, ma peau fragile et mes veines saillantes. Pitoyable. Pourtant je suis innocente.


J'ai juste vécu ma vie. Le bonheur est donc un crime ? Car oui j'avais été heureuse, avec une chance dérangeante. Avant j'étais populaire, libre et aimée. Maintenant je suis une paria, enfermée et délaissée. J'ai obtenu plusieurs sursis. Inimaginable selon Mr. Drew, il me suit depuis que j'ai été enfermée. Un fervent défenseur qui essaye de me sortir de cet endroit sordide, de cette cellule blanche et nue. De cette vie qui n'en es pas une.


Mes parents viennent de plus en plus souvent, la fin est proche. J'ai peur. Achevez-moi tout de suite. Je vous en prie. Ils me laissent souffrir et leurs airs désolés n'y feront rien. Ce sont des criminels. Je ne leur en veux pas : l'espoir fait vivre. Mais je suis déjà morte.

Elle vient me réveiller dans la nuit. Je t'attendais. Délivrance enfin ! La douleur va m'emporter. Je m'avance vers mon bourreau. Je n'ai plus peur.


On me cherche, Mr. Drew me parle, on me tire du couloir mais je m'y replonge toujours plus profondément. Je m'écroule, me relève. Ils ont gagné et depuis des années. Ils ont gagné depuis des années, ces parasites. Ils me rongent le corps et l'âme, mon âme? Elle est damnée. Laissez-les m'emporter. L'équipe de Mr. Drew le sait, elle se raccroche à de faux espoirs.

Ils ont gagné.


J'entends mon moniteur biper durant des siècles, puis plus rien. Le son de la délivrance :

le silence. La maladie m'a tuée. Enfin ! Je quitte cet endroit. Ma prison blanche et impeccable.

Pour quoi ? Ma nouvelle vie.


L'espoir fait vivre; même les morts.


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