Prologue

versenlaine

Prologue d'un roman en cours d'écriture...

« Brûlez – les !  A bas les hérétiques ! »


Tout n'est que fumée, brouhaha, supplications, cris d'hystéries et d'agonies sur l'île aux Juifs. Derrières d'épaisses volutes anthracite se dressent le Palais de la Cité et Notre-Dame qui assistent passifs et silencieux à la mise à mort de trois Parisiens.


Estienne Grigeaud, apothicaire respectable, se trouve démuni, aucune de ses connaissances ne peut lui venir en aide, et déjà sa nuque s'affaisse au milieu de flammes incontrôlables qui semblent danser avec son corps telle une Bohémienne un jour de Foire. Les sournoises sont tentatrices, obsédantes, et déjà elles l'enlacent de leurs bras mordants et brûlants.


Geoffroy Bastien, aubergiste apprécié, dissimule derrière son visage balafré les marques de souffrances infligées par son supplice. Le regard vague, ses yeux à vif, saignés par le brasier, il suffoque. Soudain, au milieu des vagues infernales surgit une croix. Il la fixe, tousse, et s'éteint.


Le père Amaury, dont la bienfaisance n'était plus à prouver pour ses fidèles, est à ce moment précis à une place bien peu catholique. Résistant aux assauts de l'enfer, il laisse éclater dans le ciel de Paris une dernière louange des plus originales et énigmatiques :


« Unum dominum : Ankhati ! »


La foule scandalisée par cette déclaration se montre véhémente envers le bourreau qui d'une lance abrège les tortures du pauvre prêtre. Des heurts éclatent, un spectateur complètement possédé s'écrit qu'il faut détruire toute trace des démons qui habitaient ces parjures. Il s'élance vers les bûchers encore incandescents. La panique s'empare des badauds, les gardes tentent de retenir le forcené mais celui-ci, complètement dément, brandit une hache.


« Le sol sera maudit à cause de toi. C'est dans la peine que tu t'en nourriras tous les jours de ta vie, il fera germer pour toi l'épine et le chardon... ». Genèse 3.

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