(Psycho) LABORIT

§23

Henri Laborit (merci aux parents pour l'euphonie) a inventé les psychotropes et le Rubic's Cube. Heu, non ! On me souffle dans l'oreillette, que le Rubic's Cube, c'était pas lui.

 Cela m'étonnait un peu aussi, car ce n'était vraiment pas son genre. En tant qu'acteur, il n'a pas inventé la poudre, mais sa voix off et même « on » parfois passe bien dans le film « Mon oncle d'Amérique » d'Alain Resnais qui reste, selon ma culture cinématographique limitée, le seul film à aborder sérieusement et ludiquement la Psychologie Générale. On y apprend entre autres que les relations des humains en société peuvent ressembler à celles de mammifères plus rongeurs, mais moins râleurs, comme les rats.

Pour Laborit, chez l'animal, il n'existe que deux comportements stéréotypés lors d'un conflit : l'attaque ou la fuite. L'homme étant animal aussi, si, si (revoyez vos cours de biologie cellulaire) il devrait réagir comme tel. Maintenant nos codes sociaux répriment l'agression comme réponse et la fuite n'est guère honorable, non plus, d'autant plus, si en témoin, figure la jolie rousse que vous vouliez séduire, ça commence mal, changez de couleur. Donc comme ces deux réponses sont réprimées le système nerveux se défoule sur le corps. Il somatise en vous filant un ulcère ou en allant provoquer gratuitement votre cancer latent qui n'attendait que cela pour venir vous faire chier. Notre système social génère des maladies que l'on appelle de Sociétés. A chaque époque, ses maladies, celle où les demoiselles, vêtues en plumes d'oies blanches, se pâmaient à la moindre contrariété, celle où les messieurs faisaient tourner trois fois leur révolver avant de le replonger dans leur holster. (Non ! mauvais exemple, on ne peut pas toujours gagner.)

En laboratoire, on met une souris dans une cage, ce n'est pas très sympa, mais pire encore, un système astucieusement élaboré par des élaborateurs astucieux peut envoyer une décharge électrique à la bestiole après l'avoir prévenue quelques temps avant par un stimulus quelconque ((lumière, son, etc.) ≥ (cela ressemble à du conditionnement pavlovien) . Pi)²   ou plus simplement = (1+(nx/1!) + (((n(n-1)x²)/2!) + ...). La souris apprend vite, elle avait de bonnes notes en algèbre à l'école, elle peut éviter la punition en se réfugiant sur une passerelle (et non une paresseuse, comme l'on dit souvent à bon escient, mais à tort, du moins pour notre cas précis, ici, là et nulle part ailleurs dans notre système social.) prévue à cet effet. Tant que la passerelle est là, tout va, la souris vit sa vie de souris en cool altitude (à cause de l'élévation de la passerelle). Puis sadiquement, on lui retire la passerelle, elle n'a plus d'évitement à la punition, elle va voir ou entendre l'annonce de la décharge électrique, mais n'ayant plus de moyen approprié pour l'éviter, elle va se prostrer sur elle-même dans l'attente de la douleur, plus que celle du facteur qui ne passe plus dans les cages de Skinner. Les chercheurs ont inventé le stress chez la souris, ils sont balèzes, les chercheurs. (Ils travaillent actuellement sur le burn out chez l'escargot). Au bout d'un certain temps la souris perd ses poils par paquet, son appétit et ses papiers d'identité, développe un tas de maladies et meurt dans l'anonymat le plus complet. Vous pouvez toujours aller vous recueillir sur la tombe de la souris inconnue, si vous avez été émus par sa triste histoire.

Bon, je vous conseillerai de visionner le vieux film de 1980, et de Resnais aussi un peu, tout cela y est bien mieux expliqué et l'intrigue reste intéressante, alors pourquoi s'en priver. Pour ceux qui seraient reconnus médicalement allergique au cinéma de Resnais, il y a aussi « la tour infernale 2 ou 4 », sais plus, qui n'a strictement rien à voir avec le sujet, mais qui me fait bien marrer quand même. Je sais, je suis bon public et très complaisant.

Salustoutcru ou à peine cuit, les amis.