(Psycho) Prise de conscience

Hervé Lénervé

Une histoire du bon vieux temps.

L'homme n'a pas émergé de l'animalité à la conscience de soi en une seule minute, en un simple claquement de doigts. Il ne s'est pas réveillé un beau matin de pluie en se disant :

-         Putain ! je ne suis plus une bestiole, moi, mais un être doté d'une pensée conceptuelle !

Cela a dû se faire plus lentement, plus graduellement. Il lui a fallu d'abord, par empirisme, apprendre un langage pour communiquer entre poilus et se structurer en bandes organisés pour piquer les femelles de la bande d'à côté, car elles étaient vachement « bonnes ».

Ensuite, le langage se faisant abstrait, bien avant Picasso, il a pu accéder à des notions intimes de ce que pourrait bien être ce « Moi » qui se développait en « Lui ».

Par sa nouvelle pensée conceptuelle, il a pu s'identifier comme étant une entité distincte et différenciée, vivant dans un temps précis, en général le présent Ante ou Post Meridian, en un lieu précis, en général où les pieds reposent bien à terre, à moins qu'on ne soit présentement perché sur un arbre, auquel cas attendre la chute, pour revenir dans le bon milieu.

Donc notre macaque avait déjà une petite notion de sa représentation personnelle, apperçue dans le reflet, retransmis en direct par les mares miroirs du canal national et par le discours de sa femelle favorite.

-         T'es vraiment trop moche toi ! On dirait un phacochère en moins bien.

Donc, notre presque-bonhomme connaissait déjà son apparence, il ne lui restait plus qu'à se dire : « Puisque je suis capable d'anticiper des faits, de me projeter dans ces mouvements et de comprendre les processus de causalité sur la synergie des accidents de la vie. Je suis, tout autant, apte à damner le pion à ce putain de gros chat à grandes dents qui ne se prend pas pour une merde, en le prenant de haut pour nous bouffer, ici-bas. » Déduction des plus aisées pour un être aussi intelligent que cette tignasse à poux.

-         Elémentaire, ma phacochère adorée ! Ecoute-moi bien ! Ceci est ma voix « Cogito, ergo sum ! »

-         Au lieu de dire des conneries, tu ferais mieux d'aller tuer un truc pour midi, grand abruti hirsute !

-         Ah, ces femmes ! Ah, ces femmes !

Bref, personne ne l'écouta trop le philosophe de la première heure et cela arrangea grandement les affaires de Descartes, quelques millénaires plus tard, puisqu'il put tranquillement développer son discours sur la méthode sans être accusé de plagia par quiconque.

***

Voilà c'était l'histoire du premier grand abruti à vouloir quitter le règne animal et commencer à modifier son environnement. La suite, tout le monde la connait. Il aurait donc, mieux fait de rester  Nature le grand macaque au lieu de vouloir jouer aux apprentis sorciers. « Les animaux dénaturés », ce sont les hommes, écrivait Vercors.

  • Le premier philosophe préhistorique, en polissant une pierre s'est exclamé soudain "Je ponce donc je suis!"...Descartes s'en est inspiré bien plus tard...

    · Il y a environ 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • - Oh le sale plagiste !
      - Plagiaire, plutôt, non ?
      - Ca dépend de la législation des droits d’auteurs de l’âge de pierre.

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Les homos sapiens vu leur nom devaient parler latin, non ?

    · Il y a environ 6 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • Bien évidemment, la langue internationale, en ces temps d’errances, n’était pas l’Anglais, mais le bon vieux Latin de nos pat’lins. :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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