(Psycho) UN PEU D’ETHOLOGIE pour changer de crèmerie

Hervé Lénervé

Histoire de singes.

§8 (Si ma mémoire est bonne ?)

 

Des éthologues explorateurs (et pourquoi n'y en aurait-il pas ?) avaient remarqués qu'une île, dont on taira les coordonnées, pour éviter qu'elle soit investie par des tours opérateurs avec leurs cohortes de bestiaux à appareils photos, était colonisée par une communauté de singes et désertée par toutes meutes d'hommes. Ces singes vivaient donc tranquilles leur vie de singe. Je ne dirai pas qu'ils n'y avaient pas quelques problèmes mineurs, conflits, agressions, chapardages à main armée de gourdin et viols, mais dans l'ensemble, c'était plutôt cool. Or, la nourriture commença à manquer. Les éthologues qui observaient les péripéties de ces singes étaient humains, malgré leur condition d'hommes et leur sermon déontologique de ne jamais intervenir dans les conditions sauvages des bestioles sauvages, avaient le cœur brisé de voir disparaître les animaux qu'ils observaient depuis des lustres et oui on a beau être scientifique, on s'attache nonobstant. Donc, ils firent apporter par DHL, tous les matins sur la plage, quelques dizaines de kilo de patate. Elles étaient maculées de terre, bien sûr, ils achetaient toujours au plus bas prix. Ceci dit, les singes s'en accommodaient assez bien des patates, du moins, ils mangeaient tout et s'en allaient ensuite siester en forêt. Maintenant un jour, une femelle, une guenon, ce n'est pas péjoratif, on les appelle toutes comme cela et elles ne s'en vexent pas outre mesure, contrairement à ma femme qui est très susceptible. Donc, une femelle eut l'idée, la curiosité, la lubie, allez savoir, de tremper ses patates dans la mer pour en retirer d'excédent de terre. Les patates propres comme un sou neuf et salées à l'eau de l'océan, devaient être meilleures gustativement parlant au gout de chiotte des singes, car toute la communauté de singes adopta cette pratique. Toute ? Non ! Car comme dans « Astérix », les grands mâles dominants résistèrent au changement. Ils continuèrent à manger leurs patates pourries en faisant des moues de mépris devant la compromission à la modernité. Ceci prévalut jusqu'à la disparition du dernier des dominants générationnels de cette révolution culturelle. Ensuite, les nouveaux despotes lavèrent eux-mêmes leurs patates, car le singe, tout despote qu'il soit, ne délègue pas.

Ceci n'est qu'une observation brute et ne peut être tenue pour une fable avec toutes les similitudes que l'on serait amené, par propension, à y voir avec nos propres sociétés.

Les éthologues observent, notent, mesurent tout ce qui peut être codifié, puis ils vont se coucher sans désert et surtout sans aucune interprétation.

On peut se demander à quoi peuvent-ils bien servir ces gogos-là, s'il n'y a même pas de ragots malveillants à la veillée autour du feu de camp ? Mais bon, c'est comme ça ! Et nous n'y pouvons rien en tant que simple homme de la rue. Oui ! Les Sciences Humaines nous appellent « hommes de la rue » et non « femme de la rue » même si vous êtes femme, pourtant. « L'homme de la rue » est tout ce qui est humain sans discrimination de sexe, d'âge, d'appartenances variées, seule une spécialité en Sciences Humaines peut vous distinguer de cette catégorie fourre-tout, par exemple un informaticien avec un doctorat en mathématiques est un vulgaire homme de la rue, mais un étudiant bénévole employé pour ramasser les chiures de rats des labyrinthes du labo n'est pas un homme de la rue, c'est un scientifique initié à ce que c'est que l'homme, enfin en gros, quoi !

Bises, je vais me coucher.

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