Purgatoire

gribouille--2

J'aspire, frotte, essuis, racle; je récure, décape, repeins, fais reluire, fais briller, je lave, je rince, dissous les taches, maquille les imperfections, je me mets à quatre pattes, j'inspecte, observe, écoute, me déguise, me parfume, me désodorise, maquille les brèmes, et mens aussi parfois.

Je fatigue, m'éreinte, souffle, grine des dents des nerfs, mes articulations couinent, se déglinguent, mes vertèbres se coincent, j'ai mal au dos, à la tête, je grimace, je ricane des autres, je les jalouse peut être même, j'aligne les heures comme d'autres des dominos, je cumule les fonctions, je cuis, je prépare, je décore, je présente,fais des ronds de jambes, enfin ce qu'il m'en reste.

Et les ouvriers laborieux remettent de la terre sur les moquettes nettoyées, lavées, frottées, les artisans remettent des taches de graisse sur les dessus de lits, les rideaux, les peintures des placards, les amoureux me laissent des souvenirs dans les draps, les toilettes, les douches, rarement dans les poubelles.

Autrefois, je me prélassais, vie dorée sans le savoir, la femme de ménage passait derrière mes bètises, je mangeais tranquillement richement même, de bons plats mijotés de ma mère, des mets de qualités, de choix.

J'ignorais que j'allais vivre mon purgatoire, mais ça vaut mieux que l'enfer.

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