Tornade

redstars


 

Défaire le sac avant de dormir, les larmes aux yeux. S'allonger et plonger immédiatement dans un sommeil agité. Très agité. Bondir de cauchemars en cauchemars, comme les moutons qu'on ne compte plus. Réveil fatigué, l'envie de tout sauf de se maquiller, s'habiller, aller chercher du tabac, dégivrer la voiture, rouler, se garer comme on peut, marcher, entrer dans la salle d'attente, attendre en fixant la porte, compter les minutes de retard, dire je-ne-sais-quoi au psy quand il demandera comment ça va, essayer de faire les exercices demandés, échouer, rentrer, marcher, prendre la voiture, et sûrement l'autoroute, pour aller plus vite, se garer de travers, marcher, mettre la clef dans la serrure, lancer le sac à main dans un coin, ôter la doudoune à la fausse fourrure bleue, se faire un café… et puis quoi ? Tourner, en rond, en carré, en triangle, tenter de gribouiller, griffonner, bouquiner. Mettre un gros pull ample et se calfeutrer dedans. Se refaire un café, trop chaud, y ajouter un peu de lait : ne pas savoir attendre. Ne plus rien avoir à attendre. Avoir envie d'envoyer valser tout le monde, et Noël, oui, surtout Noël, foutez-moi la paix avec Noël, allez-vous faire voir avec Noël, avec les chocolats, les calendriers, les cadeaux, et les mensonges autour d'un sapin hypocrite, la famille qui se déchire comme à l'habitude, les repas interminables et ce putain de père Noël à la noix qu'on rêve de voir rôtir dans quelque cheminée. Vouloir faire la morte le temps que ça passe, et détester ça, et les guirlandes qui vont illuminer les rues, pollution inutile, et les mélodies dans les centres commerciaux, avoir envie de cogner, de frapper, d'arracher les décorations et de tout détruire comme un ouragan. Et devoir sourire, hein, parce que c'est Noël, et qu'à Noël, il faut sourire, même si au fond tout le monde, enfin certains, disons que beaucoup sont tristes. Repenser à son grand-père, avec lui Noël était supportable, mais c'était il y a bien longtemps. Ça n'existe plus. C'est du vent, rien que du vent, maintenant qu'il n'est plus là. Vouloir du soleil, et du printemps, pour l'espoir, pour les bougeons, et les fleurs allergènes, et les arbres qui reprennent vie comme par magie. Ou pas. Là est le paradoxe. Taper sur le clavier, avec violence, entre deux cafés, entre deux cigarettes interdites, entre deux hauts-le-cœur. Avoir la même envie. L'envie d'crier sa haine comme un chat qu'on égorge…


  • Tellement vrai. Toutes ces fêtes qui ne signifient plus rien. Sauf pour qui ont à vendre

    · Il y a environ 7 ans ·
    A5b1a620 6f2c 4648 b413 b4f8ba611e28

    nehara

    • Et tout le monde saute dans le précipice. Oui. :(

      · Il y a environ 7 ans ·
      Zt245dd

      redstars

Signaler ce texte