Quand c'est fini
The Girl Next Door
- Je suis désolé.
Il n'avait que ces mots là à la bouche. C'est la seule chose qu'il pouvait dire. Il avait fait naître des sentiments en moi, les avait attisés même, jusqu'à créer une envie d'être avec lui et de passer ma vie avec lui. Oui, il était désolé d'avoir joué avec mes sentiments. Plus il s'excusait, et plus j'avais envie de m'éloigner de lui, de le haïr, de le détester. Mais cela me aussi faisait encore plus m'attacher à lui, car il se souciait de savoir que j'allais mal. J'essayais de lui montrer que ce n'était pas sa faute si ces sentiments n'étaient pas partagés. « C'est la vie », j'essayais de relativiser. Dans ces cas-là, on se quitte, on s'éloigne l'un de l'autre, l'autre personne nous manque mais on tourne la page petit à petit. Mais pas cette fois. C'est plus difficile quand on le croise tous les jours. On a envie d'être avec lui, de le voir, on a envie qu'il nous fasse rire, nous regarde, nous trouve drôle ou sexy, c'est selon l'humeur du jour.
Alors on fait bonne figure, la coloc sympa, la copine fun, la confidente des jours difficiles, même si ça fait mal. On profite de ces quelques instants, que l'on croit être du bonheur éphémère, qu'il faut à tout prix capturer pour essayer de passer une bonne journée. Mais ces moments de bonheur s'effacent vite. Car la réalité revient vite nous frapper et nous sape le moral. Elle revient d'un coup, brutalement, et nous fait prendre conscience que l'on essaie de s'accrocher à quelque chose. Que l'on continue à espérer quelque chose qui n'existera pas. Alors on se pose des questions. Est-ce notre faute ? Est-ce la sienne ? Lui qui veut que l'on reste amis ? On se pose alors beaucoup de questions, trop de questions, qui nous volent notre énergie et nous épuise. On ressasse le passé, on est ailleurs. Et plus rien n'a de sens. Car peut importe à qui incombe la faute, le résultat est le même. Et il faut du temps pour se détacher. On essaie plusieurs méthodes. On se lance à fond dans de nouveaux projets au travail, toujours la première qui s'enthousiasme pour un nouveau projet, et qui n'a pas peur de faire des heures sup. De toute façon, personne ne m'attends, je suis seule. Et puis, on se rend compte petit à petit qu'on a beau se donner du mal, notre patron ne verra en nous que l'employée fidèle et docile, qui ne dit jamais non. Alors on fuit le bureau. On fait ses heures, on part à midi, on revient en traînant. On a hâte de partir le soir. Mais vu que l'on ne veut pas rentrer chez soi… Pas envie de regarder la télé, de faire le ménage, de cuisiner… On compense en allant faire les boutiques, en traînant dans les centres commerciaux. On va de rayons en rayons, en regardant tous les coloris, en essayant de s'intéresser à ces imprimés si spéciaux ou ces coloris flashy, que personne ne peut porter sans être bien foutue. On essaie des petites robes qui nous mettent en valeur. On dépense un peu tous les jours. Et la encore, la réalité revient nous frapper. Après un mois ou deux de shopping, regard sur les comptes. Aïe ! Ça coûte cher ! Et surtout, plus de place dans les placards et on est au final pas sûre que ces nouveaux vêtements – choisis dans un nouveau style, car on veut changer de vie – ne nous conviennent vraiment.
Alors on se tourne vers d'autres divertissements. La musique, le cinéma, les sorties au bar pour certains, l'associatif ou encore les restaurants pour d'autres. La cuisine, mais pas cool pour les kilos, car on veut absolument tester plein de nouvelles recettes (et notre bibliothèque s'enrichit de livres bien spécifiques. Muffins, cupcakes, smoothies… Comment peut-on créer un livre avec autant de variantes sur le même sujet ?) Sans oublier les appareils ménagers qui vont avec. Un blender, un gaufrier, un appareil à pâtes, une yaourtière (car on aime le vrai, le naturel), de nombreux moules pour la pâtisserie, et même pourquoi pas, un appareil à cupcakes ? Et c'est là, devant le rayon électroménager, que l'on se demande si au final, on en a vraiment besoin. Qui veut-on épater avec ses nouvelles machines ? Le diététicien que l'on consultera dans cinq mois et dix kilos en plus ?
On appelle ses amis, on réactive son réseau. Salut, ça va ? Ça te dirait d'aller boire un verre un de ces jours ? Qui n'a pas écrit une fois cette phrase, un sms envoyé à quelques contacts, juste pour se sentir un peu plus vivant ? Et un peu plus aimé ? Pour rigoler, passer du bon temps, faire des projets, se remémorer le passé. Et on se rend compte, au détour d'une conversation, que l'on est bien. Que la vie continue. Que ce n'était pas si grave, que notre cœur, même s'il a souffert et qu'il souffre toujours, a moins mal. Il y a parfois des rechutes, mais elles sont moins dures. Le temps fait son travail. Notre cœur nous envoie un message. Il a envie de vibrer à nouveau, de ressentir des émotions, d'aimer. On lui laisse du temps, mais on sait qu'un jour, on aimera encore, et que l'on sera aimée en retour…
Wow..
· Il y a plus de 9 ans ·Moi qui m'apprêtais à coucher par écrit ce que je ressens en ce moment...
J'ai relu ce texte trois fois et je me suis rendu compte que cela serait inutile.
J'aimerai être la seule à éprouver ce sentiment, la seule à vivre une rupture. Et finalement, ça arrive à tellement de gens. Malheureusement.
immarcescible
Merci beaucoup pour votre commentaire. Chaque rupture est unique, et parfois, c'est bien de l'écrire... je serai ravie de lire votre texte !
· Il y a plus de 9 ans ·The Girl Next Door