Quand...

Quand l'amour remplace les nuages, quand la terre devient un terrain de jeu, quand le sol gris se colore, je passe sous les arbres infinis de ma vie qui ne sont autres que mes idées de baladin, un récit interminable, les premiers livres de la maternelle. J'aime ce mot, il rappelle les soins d'une mère bienveillante, les jouets qui peuvent entourés l'enfant, la couverture chaude et douillette du landau, les sourires de la gentille maîtresse. Quand la lecture est un doux moment récréatif, quand on n'a que le choix des contes pour enfants, quand on découvre nos émotions à travers les différentes péripéties des histoires enfantines, la peur, la surprise, la joie, la tristesse, la nuit est faite pour garder cette chaleur créatrice qui accompagne l'enfant toute la journée, il ne veut pas se coucher, veut dormir avec la couronne d'un royaume qu'il s'est créé.

Plusieurs fois dans ma vie j'ai croisé la maîtresse de ma dernière année de maternelle, comme j'aurais aimé me blottir contre son giron, lui dire comme la vie était difficile! Mais on ne se disait que bonjour, pour son petit-fils je n'étais qu'une dame qui passait... Loin la salle de jeux, les salles de classe, les petits bancs, les petits bureaux, encore familier l'éternel bureau de ma chambre d'adolescente, en pin blanc, il sentait si bon! Je me rappelle encore son odeur chaude, rassurante. Nous sommes au mois de juin, les vacances c'est le 4 m'a-t-on dit, demain j'irai voir si les pommes du jardin sont mûres, les figues elles, le seront en août je pense. Il faut de la pluie et du soleil, je pense.

La chaleur de la nuit m'entoure, me fait du bien, tout à l'heure j'irai me coucher, on sera le 18 juin, de Gaule appelait de Londres, il appelait à résister contre l'ennemi. Une guerre avait tout stoppé, les nuages étaient devenus noirs, mais y avait encore de l'amour et  du respect m'a-t-on dit... Quand les histoires personnelles cessent à cause de l'Histoire, on se retrouve engloutis dans une drôle d'histoire, collective, douloureuse et enfin victorieuse.