Quand le dirlo vient causer "tourisme social"...
Lisa Azorin
La tradition veut que tout directeur vienne se présenter, ainsi que les mille et une merveilles de son établissement, à ses hôtes forcément captivés (mais quand même plus souvent captifs). Exercice périlleux dès lors que le dit établissement est un centre de rétention administrative qui s'est outrageusement aventuré dans le "tourisme social"…
Séminaires d'entreprises, colonies franco-allemandes, stages intensifs de l'équipe de France Espoir d'aviron, demandeurs d'asile : drôle de mélange qui ne peut que mettre mal à l'aise. Pas M. le Directeur qui, bilan d'exploitation 2012 en main, nous parle, tout gonflé d'orgueil, chiffre d'affaires (entre 1 et 2 millions d'euros), coût du réfugié (entre 25 et 30 euros par jour selon que sa demande a été acceptée ou pas encore), bail glissant, main tendue, solidarité, amour du prochain presque et "tourisme social" donc, parce que le réfugié, c'est bien connu, ça ne rapporte pas gros.
Le "tourisme social" donc, pour faire simple et trivial, ce sont ces entreprises, associations et collectivités qui, parce que toute économie est bonne à prendre, organisent leurs sauteries dans un centre de rétention administrative. L'indécence ne semble étouffer ni les participants, venus avec leur propre thé et une baguette de chez Paul, ni leur boss, qui se gardera bien d'y mettre un orteil, se contentant de râler que ses salariés aient le culot de faire une note de frais pour un Paris <> Melun en RER alors qu'ils ont quand même été logés et nourris gracieusement !
Le "tourisme social", en fait, c'est un peu comme ces zoos qui se lancent dans l'hôtellerie. Pour 130€ par personne, on peut dormir dans une cabane avec vue sur la cage des autruches ou des otaries, selon ses affinités…
On pète les plombs ou bien ?!! On est en tout cas loin du tourisme social tel que défini par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, selon laquelle «toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques »…
Comme disait Stéphane Hessel, Indignez-vous !