Quand les clodos s'arment de salut

Jean Claude Blanc

pour nos pauvres...

            Quand les clodos s'arment de salut…

Notre pays prospère, camoufle ses misères

De ces indésirables qui crèchent dans les rues

Justes bons pour racketter durant les mois d'hiver

Les Petits Frères des Pauvres et l'Armée du Salut

Gratos leur service, normal solidaires…

 

Louer les Droits de l'Homme, en ce 11 décembre

On ne manque pas d'air, même on s'en congratule

S'étant pourtant promis, ces pouilleux les défendre

Pour cet effet de manche, pas peur du ridicule

Hélas qui ne tue pas, la corde pour nous pendre

 

La générosité devenue denrée rare

Que peu de volontaires, pour ces gens dans le noir

Alors leur faire l'aumône, c'est pas trop demander…

Quelques deniers bienvenus, charité ordonnée

Cette fois tous bénévoles, y va de notre destinée

 

En ces temps d'opulence, Noël, les étrennes

Certains, les oubliés, se doivent de faire Carême

Se serrer la ceinture, pour eux aucuns cadeaux

Demandent qu'une soupe, un gîte bien au chaud

 

Citoyens bienheureux, n'étant pas concernés

On passe notre chemin, devant ces affamés

Voulant pas leur montrer, quelle honte nous habite

Alors nonchalamment, on leur jette vite fait

Quelques pièces de monnaie, en croyant être quitte

C'est à chacun ses pauvres, nourris à moindre frais

 

On a fait de notre mieux, devoir qui se respecte

A la distribution, juste pour pas qu'ils crèvent

(En plus fin d'année, bon ton de faire la trêve)

On se fend d'une offrande, une baguette de pain sec

Impossible à mâcher, sans dents, pan ! Sur leur bec

 

Ça ferait mauvais genre qu'en cette nuit glaciale

Ils s'étalent sous nos yeux, dans les égouts de la ville

Alors de bon cœur, dans la cité servile

Se pointe l'ambulance, urgence SAMU social

Couvertures et café pour les réconforter

Question de les sauver, faut pas en abuser…

 

D'ailleurs ces malheureux, encore nobles et fiers

Veulent pas se faire embarquer dans une sinistre fourrière

Comme des chiens galeux, dans le même dortoir

En étant bien lucides, que ce n'est qu'un mouroir

Bien qu'ils soient clochards, préfèrent leur bout de trottoir

Même qu'ils se le jalousent à la faveur du soir

C'est là où ils végètent, en paix pour la plupart

Toujours ça de pris, même si c'est pas la gloire

Ailleurs est incertain, d'espoir illusoire

Elus intéressés, qui s'illustrent au pouvoir

Qu'à l'aise à l'Assemblée, se tiennent à l'écart

Craignant ces indigents, tellement pestiférés

De leur tendre la main risquent d'être contaminés

(Pourtant frères humains, hélas pas bien nés…)

 

On vante l'Amérique pudeur et liberté

Des millions de ce peuple, sont pas même assurés

Nombreux ceux qui vivotent dans les bouches de métro

Pays bien négligeant, mais qui nous prend de haut

 

Comme l'évolution provient des USA

On mime leurs instincts en notre Etat de Droits

Pas génial ce progrès, à voir le résultat

Des milliers d'entre nous, ne bouffent plus bien gras

Philosophes, on se dit « on est dans de sales draps »

 

La cause de nos maux, la mondialisation

Sont pas au même niveau, les régions de la Terre

On se conte fleurette, en prêchant sainte union

C'est ainsi que partenaires, on devient adversaires

Au nom des religions, bonne occase pour la guerre

 

N'est pas plus con qu'un autre mon mendiant solitaire

A été à l'école, se demande à quoi ça sert

Lui qui se suffit de peu, devenu visionnaire

A chaque journée qui passe, peut-être la dernière

Se remplit l'estomac, de soupe populaire

 

On n'en a pas conscience, de tous nos avantages

Pourtant ils se réduisent, plus en plus de ravages

Pas séduisant l'avenir pour nos gosses bien sages

Voyant laissés pour compte, à leur âge, quelle naufrage

 

Heureusement s'activent, ces Frères missionnaires

Ces vertueuses armées qui combattent l'enfer

Soutenant démunis, pourfendant les détresses

Bénévoles toujours prêts, à tenir leurs promesses

 

Alors nous nantis, sortons de notre léthargie

Suffit pas se lamenter à en perdre l'esprit

La mort est là tout près, au bas de l'escalier

A côté des poubelles, succombe l'humanité

 

Que de mots d'amertume, pour faire réfléchir

Me les adresse vivement afin ne pas fléchir

Coup de main qui coûte pas cher, pour conjurer les peines

De ces trop gentils clodos, qui jamais ont la haine

Manifestent leur colère, esseulés à moisir

Leçon à retenir, connaissant pas notre chance

D'être du bon côté, hélas du pognon

Pour notre propre confort, tout est prévu d'avance

Bosser pour gagner plus, un toit pour horizon

 

Ce soir je fais donner, ma petite voix d'humaniste

Qui rime difficilement avec socialiste

Même tout le contraire de ces républicains

Qui veulent nous gouverner, soi-disant pour notre bien

N'étant que des requins, Fillon et ses copains

Pauvre diable dans son coin, lui n'a d'autre parti

Que se saouler la gueule, devant tant de folies

La France, son honneur, il n'en a rien à foutre

Même qu'aux interdits, de la loi, passe outre

 

N'osent pas le déloger, les flics par pitié

Lui qui passe ses envies de rêver au paradis

Artificiel certes, mais bon pour la santé

Lorsqu'il se les gèle ferme, rien de mieux que l'eau de vie

 

Artiste bon conseilleur, plaideur pour l'innocence

J'avoue, suis dépassé, devant tant d'impuissance

Ne pas se soucier, de tous ces mal logés

Qui ne demandent rien, qu'un lit et à souper

Futiles et inutiles, courtoisie, sentiments

Pour ses proscrits d'une France, qui marche qu'à l'arrogance

Prenons-les dans nos bras, leur espoir en dépend

Loqueteux, débraillés, à leur odeur on sent

Que dans notre société, ça pue l'intolérance

 

Pas plus tard qu'hier, place de la République

Un de ces moribonds a avalé sa chique

La police, les pompiers se la ramènent de suite

Pour en débarrassé, la ville même pas triste

De ce sale spectacle, pas bon pour le public

 

Vous comprendrez pourquoi, ils se cachent pour mourir

Ces clandestins maudits, qui connaissent le pire

Soudain ils disparaissent, sans même nous avertir

Alors on se rassure, histoire d'en sourire

 

Car c'est bien connu, les clodos aux beaux jours

Souvent se font la malle, dans leur sac plus d'un tour

Font comme les oiseaux, s'en vont migrer plus loin

Où y'a à béqueter, s'en remettre aux bons soins

De l'abondante nature, d'éternité savourent

Pardonnez-moi je vomis, cette société pendable

Qui n'est jamais coupable, qu'à peine responsable

Du sort qu'elle a fait à tous ses misérables  JC Blanc décembre 2016 (pour ceux qu'en bavent)

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