Quand maternité rime avec Gamma GT

magadit

« Ouais mais alors carrément pas quoi. Non mais alors tu vois, vraiment pas quoi. C’est certainement pas la maternité qui va me changer quoi, je veux dire, tout sera comme avant. Y’a juste pas de raison quoi… »


Elle l’a dit, elle le fera, parole d’une mère scout ayant rongé des heures les barreaux du lit de l’hosto . Elle y a droit, elle y a droit. Alors Elle partira comme une écolière faisant l’école buissonnière, sourire aux lèvres et jambes légères. Elle en profitera même peut être un chouia plus que les autres. « J’ai pondu ! Ayé les girls I’m back, faites péter l’apéro! ». Par la force des choses, elle rentrera bourrée, mais heureuse à 4 heures du mat’, le mascara en berne mais 18 balais dans les artères…

Par contre, allez savoir pourquoi, elle apprendra très vite à négocier comme une bête avec le XY, odieux responsable de la chose dont la voix stridente résonnera dans sa tête comme une alarme incendie sur les coups de 5h30.
  Lui : « vas y bouge, c’est ton tour on a dit, moi je gardais TON fils hier et toi tu gérais ce matin »
Elle : « graaaaahhh je peux paaaaaaas, nan mais sérieux vas y toi, moi rien qu’à l’idée de sentir la boite de lait, je vais vomir, laisse moi au moins mourir dans mon lit… ».

Hum alors évidemment l’excuse du lait finira par périmer, celle de l’épisio, des vergetures, des angoisses maternelles et du baby blues aussi, et ne lui empêchera pas un jour de se retrouver comateuse, appelant la mort par chaque pore, le nain calé sous le coude et le bib en apesanteur tandis qu’Elle, moman parfaite de jour comme de nuit, fera des bulles la tête renversée et les yeux révulsés.
Même pas mal, tout comme avant on vous dit. Elle gère, elle gère après tout ÇA finira bien par grandir n’est-ce pas ?

Et puis un matin comme ça, spontanément et indépendamment du champ de cernes qu’elle cultive sous ses yeux elle changera de tactique : « Naaaaa mais attend tu comprends moi je préfère la qualité à la quantité quoi ! Alors ok j’ai décidé d’un commun accord avec moi-même de sortir moins mais mieux tu vois… au fond rien n’a changé quoi… »

Et d’ailleurs c’est uniquement dans un souci d’éducation et d’émancipation qu’elle apprendra très jeune à junior (tellement en avance sur son âge), à allumer la TV, et qu’elle favorisera la console avant le lever du jour, qu’elle l’encouragera à développer son imagination en solo et à se rendre invincible jusqu’au grognement maternel annonciateur d’un réveil en douceur. Ahhhh quel bonheur, la grasse matinée jusqu’à 8 heures !

Enfin finis les hurlements. La chair de sa chair marche dans ses pas et apprendra à son tour à négocier : « Mon chéri tu disais ? Oui répète mais moins fort, oui maman a mal à la tête, oui maman a vu ses copines hier… voilà c’est ça maman à la gueule de bois. Tu disais donc ? Piscine ? Moi j’ai promis ? T’as dit t’as dit cochon qui s’en dédis ? ah ». Pas moyen à 8 ans de faire valoir l’excuse de la péridurale. Et c’est pliée et vaincue qu’elle partira, Aspegic sous le bras…

Mais que celle qui n’a jamais souffert d’un excès de Gamma GT lui jette la première pierre…
Hum ok elle finira donc lapidée dans une piscine bondée, cernée par des gnomes hurlants, et priant tous les saints d’avoir une bonne raison de fuir : une alerte à la bombe ? Mon Dieu mais quelle (bonne) idée ?!!! Limite elle enregistrerait bien d’avance le numéro des flics dans ses favoris… Limite. Si c’est pour la sécurité nationale en même temps… Après tout maternité rime avec citoyenneté.

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