Quand on pense... Qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas !
Kanon Gemini
La fameuse vanne de Coluche, qui se moquait des simplismes économiques des gégé au comptoir du PMU, mais aussi de ceux de nos ministres, à travers un français alcoolo et beauf à souhait, fait encore des émules. Et oui, 40 ans plus tard, nos ministres n'ont toujours pas un meilleur niveau économique que des étudiants en psycho et ne comprennent décidément rien à cet art compliqué qui répond pourtant toujours aux mêmes stimuli, inlassablement, depuis la nuit des temps.
Pourtant, tels des singes devant un jeu de construction, ils essaient encore de rentrer le carré dans le rond, en tentant des expériences qui amènent tous à des foirades d'ampleur biblique. Ainsi, notre petit kapo de l'intérieur, avec ses petits coups de menton et son divin air supérieur/ je me fous de ta gueule (rayez la mention inutile) n'a pu s'empêcher, après la mort tragique d'un enfant de 10 ans, sur fond de règlement de compte entre dealers, d'exprimer le fond de sa pensée et, quand je dis le fond, c'est le fond des chiottes un lendemain de sévère mine :
"Le gamin de 10 ans qui meurt, c'est une victime collatérale de la consommation de drogue. Quand vous fumez du cannabis, ça a des conséquences. S'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait pas d'offres et donc il n'y aurait pas de trafic".
Fermez les guillemets. Ça laisse pantois non ? Gérald DarmaNain, notre ministricule, vient de résoudre le problème du trafic de drogue et de donner une bonne leçon à tous ces pays qui luttent contre depuis des décennies. Avec le pruneau de Bercy, ils viennent de montrer, en effet, leur intelligence supérieure. Il aurait pu juste paraître con en disant s'il n'y a pas d'offres, il n'y a pas de consommateurs. Mais non, il inverse carrément la charge. Il serait intéressant de savoir quels sont ses projets pour qu'il n'y ait plus de consommateurs ? Des camps géants de détox ? La rééducation du peuple, ça a été essayé plusieurs fois dans l'Histoire, ça n'a jamais été un franc succès, voire même, sans exagération aucune, ça a fini en bain de sang. Puis bon, notre Gégé national, l'inversion de charge, il connaît bien. Quand on lui demande un service, il a le manche qui le démange. Et quand bien même les présomptions de viol et d'abus de faiblesse aient été classés sans suite, on ne peut que s'interroger sur la répétition des faits et, à chaque fois, l'absence de consentement.
Dans tous les cas, la règle est simple : si, malgré les interdictions, il y a de la demande, il y aura un marché noir. Et espérer que le trafic s'arrête simplement en pensant que les gens doivent changer parce que ce n'est pas très gentil, c'est être profondément déconnecté de la réalité et de ce qui constitue un être humain, à savoir ses qualités mais aussi ses vices. C'est aussi stupide que de dire, si les gens ne se branlaient pas, il n'y aurait pas de sites de cul et de sextoys. On ne peut pas supprimer une demande sauf par une évolution technologique qui remplace par mieux. Et s'il y a demande, il y aura forcément offre, légale ou illégale. C'est la base du commerce.
Après, que penser de la lutte contre la drogue ? N'étant pas consommateur, je n'ai aucun des codes composant ce marché. Néanmoins, je me rappelle que la prohibition aux USA a donné naissance à des malfrats dont on se souvient encore 100 ans après. Et toujours pour les mêmes motifs : l'ordre. On se souvient moins que la France a été le leader de l'export d'opium il y a un peu plus d'un siècle. On se souvient moins que les salons où chasser le dragon étaient monnaie courante, tout comme les maisons closes, tout comme être armé. Bizarrement, les premières vraies lois anti-drogues datent des années 70 (quand notre empire asiatique s'était effondré. De là à y voir un lien…). Les maisons closes ont été fermées ? Est ce que la prostitution a disparu ou est ce que les filles de joie se gèlent les boobs dehors, victimes de réseaux esclavagistes ? Est ce que la drogue et les armes ont disparu où est ce qu'il ne se passe une semaine sans une fusillade pour règlement de compte ?
A un moment, il faut être pragmatique. Il faut légaliser tout ce bordel, laisser les acteurs privés s'organiser et considérer qu'il s'agit d'un commerce. Avec une vraie concurrence, le prix diminuera, l'État collectera des impôts, il pourra contrôler la qualité, distribué des licences comme pour l'alcool et basta. Pareil pour la prostitution. La réalité est que nous dépensons des millions et des forces effectives de police pour une guerre contre une hydre de lerne. Le nombre d'usagers, comprenez utilisateurs réguliers, pour les drogues illicites en France est de 6 millions, soit 10 % de la population. Croire que l'on pourra surveiller ou changer le comportement de 6 millions de citoyens qui votent et payent des impots, c'est au mieux ubuesque au pire grotesque.
Toujours est il que notre Gégé a encore perdu une occasion de se taire. Il faudrait réellement que ces bouffis de certitudes, drapés dans une ignorance crasse, puissent, à défaut de se taire, ne plus avoir un micro qui leur soit tendu. Voyez, c'est très simple, dire qu'il suffirait qu'il se taise pour qu'on ne l'entende pas.