Quartier

_aylden_r

Une ombre au pays des Lumières file par-delà le même no man's land qu'hier. Décor désossé. Delta du vide.
Dans la rame de métro, visages toujours livides. Voie express de l'ennui, qui de jour comme de nuit, déchire ce grand brouillard. Pourtant, les rêves hurlent dans la vitesse du quotidien et l'insouciance se défend au nez des néons débrouillards.
Une ombre au pays des Lumières s'engouffre par-delà les haleines meurtrières. Un mec amoché dans une ruelle, une fleur près du square et les avions passent. L'asphalte rougit dans le noir. 
Le gars blême rentre chez lui, sans plus d'explication. Ses yeux noirs luisent dans le froid. Il a honte du pedigree qu'on lui a assigné, un rhésus cité, comme ça se dit, parfois, à la télé.
Pourtant, pour toi, qui habite dans c'quartier, ta cité, elle est à la fois blanche, rose et rouge. C'est une, deux, soixante-douze nations, des milliers de bonnets rouges !
Pourtant, pour toi, qui vit dans c'quartier, ta cité, elle a cent villages, cent visages, sept collines, des vents, des amoureux, des anges, des héroïnes !
Du coup, tu penses et passes par-delà les rêves, les jardins, le soleil. Tu imagines la démesure des soucis et l'envie sans usure. Les rues semblent alors ensevelies sous de grosses pommes, quatre rivières, des plants de lys. Et là, peut-être au coin des cents clochers, tu souris, amoureux, aux désirs sans césure.
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