Quel bazar !

Loumir

Rêverie fantasmatique (légèrement érotique) inspirée par un concert de Arno

Mes pensées enchevêtrées dessinent un labyrinthe dans lequel c'est à plaisir que je m'égare. Pour avoir inhalé un peu d'uneproduction locale, je me sens aller vers un entre-deux monde indéfini ; il sera lieu de délices et parenthèse inespérée.

Dans l'après midi j' ai glissé à l'homme que j'allais en sa direction, voir Arno dans un bled. Et il me plait de rêver qu'il fera le chemin. Ce soir je laisse tout pouvoir à mon imaginaire et j'irai là où il me dira d'aller.

La route est interminable et dans cette perception distendue de la réalité je rêve de chaos, de crash, l'enveloppe est chaude mais à l'intérieur je suis glacée. Cette sensation infiniment déroutante me comble et la peur qui me hante ajoute à l'excitation.

Nous sommes les ultimes d'une file ininterrompue et quand nous pénétrons le sanctuaire, Arno arrive dans l'instant sur scène. Il n'attendait que nous !

L'homme n'est pas là, point de déception, je ne l‘espérais pas. Et mieux, je préfère ainsi. Pourtant ! si ça se trouve il connaît peu, si ça se trouve il aurait eu un choc esthétique… Mais puisque je le veux, il sera là quand même, livré à la fantaisie de ma divagation.

Arno est vieux, pas très beau, dans notre monde aveugle asservi par un fascisme esthétique, il n'en possède pas les canons mais … comme il dégage ! Bête de scène ! Le concert sera rock, très rock !

Arno est beau ! Comme à Ostende… imaginer la ville sous la pluie ou dans des fils de brume tissant son aura romantique. Fin d'un mythe, en quelques mots "elle sent la crevette". Désormais je ne la verrai plus, j'en sentirai l'odeur.

Arno le Beau, les pierres roulent en un torrent impétueux et se fracassent en accent inimitable. Quel coffre ! La musique me prend et la foule disparaît happée dans un ailleurs qui n‘existe pas. Je ne sens plus que la main chaude de l'homme insinuée dans le creux de l' aine et ses doigts hésitant avec douceur entre soie de la dentelle et velours de la peau. Il fait bon ici, il fait chaud, il fait moite. les gestes esquissés d'Arno le Vrai semblent à contretemps, juste le temps de comprendre qu'ils sont le rythme incarné. La voix, la musique, les mots pulsent dans mon ventre en douceur… et en profondeur. "En douceur, et en profondeur".

Ses gestes obscènes… Arno le beau, sexy en diable. Parfaitement immobile j'oscille du bassin , j'erre maintenant dans une voluptueuse contrée des sens, et mes mouvements imperceptibles poussent la rondeur de mes fesses tout contre la cuisse du grand garçon derrière moi. Vient-il à ma rencontre, je ne doute de rien et quand sa main se pose sur ma hanche, c'est une brûlure au fer rouge qui me fait du bien. Je ne l'ai pas regardé, jamais, le garçon sans visage, et sur l'écran de mes paupières closes c'était l'image de l'homme qui était imprimée.

Arno le Grand est parti, je plane, miraculeuse apesanteur, jusqu'à l'issue de ce songe. Ce moment rare a t-il existé ou fut-il seulement mirage dans un espace temps aboli ?

Signaler ce texte