quelques mots cousus de fil bleu
marie--jeanne
Bleu, être bleu, bleu simplement
D'un ciel lavé de printemps
Quand, méticuleusement,
Une averse, drue, froide, l'a dénudé.
Etre bleu de l'aube toujours levée
Entre l'iris et l'épée,
Bleu du poème de la terre,
Bleu du désir fou de la mer
Et de ses iles en fleurs d'eau,
Sourire divin délivré au ras des flots.
Palpitent les fragments du sacré.
Bleu de la conversation cachée
Des arbres et de leur connivence
Qui est plénitude du Silence.
Bleu des languides rivières vocalisant
Leurs sources et l'océan
En même temps.
Il n'est plus ni chemin ni éloignement,
Dans le même son la fin et le commencement.
Bleu du soleil qui ajoure les prairies,
Et joue avec le fil à fil de la pluie
Sur notre nostalgie.
Bleu dentelle de notre enfance chérie
Battement de nos cœurs, contre elle blottis,
Bleu du florilège de ses doux récits.
Bleu de la soie des baisers
Que nos enfants ont déposés
Autour de nos cous, en colliers.
Bleu de cathédrale qui infuse la lumière,
De notre naissance, elle est mère.
Bleu du Jour des jours,
De la corbeille luxuriante des jours,
Bleu offrande de l'aube première,
Bleu profond de nos eaux calmes et claires,
Bleu incandescent
Au-dedans
A la brisure de notre enclos de verre.
Bleu de notre Source révérée
Bleu des fontaines,
De la soif des fontaines
D'elles-mêmes toujours assoiffées
Légèreté.
Bleu d'un ciel de juin se faufile à pas glissés,
Tout parfumé de frais,
Dans un mois de décembre ennuagé.
Oui, voir ce bleu-là,
Être ce bleu là
Surtout.
Marie Jeanne 26 janvier 2018