Quels inconscients que ces gens !!!

Dominique Capo

Le coronavirus, conséquences d'un aveuglement collectif...

Oui, vraiment !!! Quels inconscients !!! Quand je constate au travers de reportages récents, à quel point certaines personnes - mais heureusement pas toutes, loin de là - négligent les plus élémentaires des précautions, ça me révolte. Des gens qui, parce qu'ils ne peuvent se rendre à leur travail parce que "confinés" - enfin, normalement - ont le sentiment d'être en vacances.

Ils se promènent dans la rue, déambulent dans les parcs, font du jogging loin de leur domicile, se regroupent et discutent comme si de rien n'était sur les trottoirs ou dans les squares entourés de gazon. Quelques-uns y organisent des piques-niques ; d'autres "s'aèrent" - quel prétexte tout trouvé !!! - avec leurs enfants ou, et, leurs conjoints, dans les allées des esplanades alentours. Il fait beau, le soleil brille, la température de ce début de printemps est agréable. Après-tout, pourquoi ne pas profiter de cette opportunité, de cette aubaine, pour tirer parti des mesures de confinement prises par le gouvernement...

Quels imbéciles !!! Quels crétins !!! Que ces gens sont stupides et imprudents, déraisonnables et égoïstes !!! Leur insouciance risque de leur couter cher. Leur inconséquence est le meilleur moyen qu'eux-mêmes, leur famille, leurs proches, leurs amis, etc. soient les victimes du coronavirus qui se propage de façon exponentielle à travers la France actuellement. Ils se mettent en danger - de mort éventuellement - parce qu'ils s'imaginent que ce fléau n'est pas susceptible de les atteindre, eux, ceux et celles qu'ils aiment, et qui tiennent à eux. Comme si ses effets ne les concernaient pas. Comme si les directives imposées par les autorités devaient être appliquées par tout le monde ; sauf par eux ou elles, évidemment. Puisqu'ils ou elles sont meilleurs, plus avisés, plus expérimentés, ou plus circonspects que tout un chacun.

Les médecins ont beau pousser des cris d'alarme : "Surtout, ne sortez pas de chez vous. Sous aucun prétexte, si ce n'est pour effectuer vos courses alimentaires, si ce n'est pour vous rendre en pharmacie ou chez le médecin si vous en avez besoin. Surtout, n'encombre pas les urgences des hôpitaux pour une blessure ou une affection que votre praticien peut soigner, si ce n'est pour vous aérer un quart d'heure en faisant le tour du pâté de maison. Pour les joggeurs ou les sportifs du dimanche, en vous adonnant à vos exercices dans un périmètre proche - moins d'un kilomètre - de votre domicile.". Ces consignes sont martelées en permanence, mais c'est chacun pour soi !!!

Les médecins ce cessent pourtant de prévenir : "Même si vous n'êtes pas atteint par le coronavirus, sans le vouloir, sans le voir, par mégarde, une ou des personnes que vous croisez dehors sont susceptible de le porter ; de vous le transmettre. Et si ensuite vous n'en n'avez pas les symptômes, vous êtes à même de le diffuser auprès de tous ceux et toutes celles qui vous entourent, qui eux, sont peut-être plus fragiles que vous. Qui, eux, peuvent en subir de graves effets, voire en mourir...". Mais rien n'y fait !!!

En outre, lorsque je songe à tous les professionnels de santé, médecins de ville, urgentistes, infirmier(e)s, hospitaliers, qui s'épuisent, qui poussent leur état physique ou émotionnel au-delà du raisonnable, au-delà de leurs capacités, afin de préserver la vie, je ne peux être qu'en colère vis-à-vis des gens qui ne songent qu'à eux-mêmes. Ces gens qui sont outrés parce qu'on leur restreint momentanément leurs libertés au nom de la santé publique. Quand je pense à ces aides à domicile, à ces soignants de toutes sortes, qui se préoccupent des personnes âgées, fragiles, isolées, particulièrement vulnérables au coronavirus, et qu'ils protestent parce que leur sont momentanément limités les droits auxquels ils sont habitués, je crie au scandale. C'est indigne !!! Quand je constate leur manque de masques, de moyens humains ou matériels, de gel hydroalcooliques, et que ces gens font fi des avertissements qui leur sont donnés, à mes yeux, ça démontre combien ils sont sourds et aveugles !!!

Voulez-vous être responsable de la propagation du coronavirus parce que vous n'aurez pensé qu'à votre petite personne ? En insensé, en téméraire, en indifférent aux autres, en égocentrique, en présomptueux, que vous êtes !!! D'un coté, vous vous précipitez dans les supermarchés, vous les dévalisez. Vous vagabondez dans les marché en plein air, alors que la promiscuité y est plus importante qu'ailleurs. Vous faites des provisions d'aliments de première nécessité par peur de manquer ; mus par une terreur sans fondements. Affolés, vous cherchez par tous les moyens de masques de protection, des gants, des flacon de gel hydroalcooliques, alors que les professionnels de santé, les médecins hospitaliers, les malades à un stade avancé des effets de ce fléau, en ont davantage besoin que vous.

Vous n'acceptez pas que l'on vous interdise les voyages inter-urbains, que l'on vous interdise de vous rendre dans votre maison de campagne, que vous empruntiez le train, l'autoroute, sans un motif rigoureusement impérieux. Vous râlez parce qu'à chacune de vos sortie impérativement nécessaire, vous devez vous munir de votre attestation de déplacement dérogatoire. Vous vous insurgez quand vous êtes pris la main dans le sac de ne pas l'avoir emportée avec vous, parce que votre trajet n'est pas évalué comme impératif par les forces de l'ordre qui vous verbalisent. Inouï !!!

Et parallèlement, vous flânez sur les plages, vous profitez du soleil en vous baladant tranquillement, paisiblement, sereinement, comme si tout allait bien. Vraiment !!! Comme si les gens souhaitaient que la situation s'aggrave !!! Comme si leurs petites misères personnelles étaient plus importantes que la tentative d'enrayement de cette épidémie !!! Comme si leurs intérêts partisans avaient plus de valeur que leur santé, la protection sanitaire de l'ensemble de la population. Pauvres fous !!!

Il sera bien temps, une fois que les ravages de ce virus se seront évanouis, une fois que des parades médicamenteuses, puis à plus long terme un vaccin, sur lesquels les infectiologues travaillent d'arrache-pied - et qui ne seront pas prêts avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois - de faire valoir ses requêtes individuelles. Ces difficultés de toutes sortes engendrées par cette crise sanitaire hors-normes !!! Le moment pour cela n'est pas encore venu. Pour l'instant, c'est la vie, conserver la sienne et celle des siens, des autres plus généralement, qui prime. Les considérations personnelles, économiques, industrielles, sociales, le manque de liberté de mouvement, viennent après.

Ce que je vais dire va peut-être faire grincer des dents - une fois de plus - certains ou certaines !!! Mais tant pis. Je pense que les gens qui se comportent de cette manière mériteraient d'attraper le coronavirus. Bien-sûr, je ne souhaite par leur mort. Mais plutôt une grosse frayeur en développant quelques-uns de ses symptômes plus ou moins virulents. Ainsi, peut-être cela leur ferait-il comprendre la gravité de la situation.

Par ailleurs, je commence à observer des personnes qui se plaignent d'être enfermés chez elles toute la journée. Préfèrent-elles être à l'hôpital, en train de succomber au coronavirus ? Préfèrent-elles contaminer ou être contaminées parce qu'elles ont été inconscientes ? Comme si demeurer chez soi était une monstruosité. Comme si parce qu'il étaient chez eux, ils étaient obligés de tourner en rond. Comme si le fait d'être entre quatre murs pour une longue période les condamnait forcément à l'immobilisme, à l'inactivité, à l'ennui.

Vraiment, c'est là où je me rends compte que les gens sont tellement soumis à leur train-train quotidien, à leur "métro-boulot-dodo" qu'ils n'ont aucun autre horizon. Ils n'ont aucune autre perspective que le conditionnement au travail, à la consommation à outrance, à la rentabilité et à la performance institutionnalisées. Ils se disent individualistes, et leurs comportement le prouvent. Mais, parallèlement, ils sont dépendants de que aujourd'hui semble superflu, non vital à la sortie de cette crise. Plutôt que de se recentrer sur l'essentiel, ils se plaignent. Ils se précipitent sur les réseaux sociaux afin de propager les rumeurs, les fake-news. Ils s'imaginent des complots contre leur mode de vie parce que leur modèle de société est à l'arrêt.

Je dirai même plus : comme ils sont enchainés à tout ceci, pour combler le vide qu'il y a en eux, ils ont besoin de trouver des boucs émissaires, des coupables à leur situation. Il faut nécessairement qu'il y ait des intervenants qui aient organisé la diffusion de cette pandémie. Et quand ils n'en trouvent pas, ils les inventent. Parce qu'ils sont incapables de concevoir que ce virus est - pour le moment - incontrôlable. Leur peur leur faire croire tout et n'importe quoi. Ils préfèrent se fier à l'irraisonnable plutôt que d'user de leur intelligence et de leur réflexion pour réaliser la portée des événements auxquels ils sont confrontés.

Personnellement, je n'ai pas peur de cette situation de confinement. Après tout, je suis écrivain. Je passe la majorité de mon temps derrière mon ordinateur. Des heures durant, je me plonge dans mes recherches historiques, philosophiques, religieuses, mythologiques. J'écris parfois des articles relatant ma vision de certains aspects de l'actualité la plus chaude du moment. Mes propos n'engagent que moi. On peut ne pas être d'accord avec ce que je relate, avec mes pensées. Normal, chacun est différent, chacun à sa manière de considérer les choses. Mais, comme je ne sors jamais de chez moi - ou quasiment jamais - et que de nombreuses personnes ici ou ailleurs sont intéressés par ce que je publie, je m'emploie à partager avec elles ce que je discerne de celles-ci.

Quant à ceux et celles à qui ça ne plait pas, qu'ils aillent se faire voir ailleurs. Il y a assez de place sur le Net et sur les réseaux sociaux pour que chacun s'y exprime librement. Et puis, s'ils ne sont pas satisfaits de mes propos, qu'ils consacrent des heures à rédiger ce qu'ils en pensent. Au moins, ça les occupera !!!

De plus, le fait que je ne puisse pas sortir de chez moi depuis des années m'a enseigné un élément fondamental. Même quand on est en permanence chez soi, il y a toujours de quoi remplir ses journées. Pour ma part, il y a même des fois où vingt-quatre heures n'y suffisent pas. C'est souvent, d'ailleurs.

Entre mes écrits, mes myriades de lectures, mes DVD, émissions télévisées en retard, mon quotidien concernant la prise en charge de la sclérose en plaques de Vanessa, je ne m'ennuie jamais. Et mème lorsque tout ça est terminé, avec un peu d'imagination et de curiosité, mon esprit est toujours à l'affut de nouveaux objectifs, de nouveaux défis à relever. Ainsi, par exemple, quand j'étais consigné chez moi à la suite de mes opérations de chirurgie esthétiques destinées à effacer une fraction de la tâche de vin que j'avais sur le visage, deux mois durant il m'a été interdit de sortir de mon domicile. En plus, je me souviens, c'était lors d'un Été particulièrement chaud. Eh bien, je me suis armé de feuilles de papier canson, de crayon de papier, de stylos feutre à pointe fine, de crayons de couleur. Et pendant cette période, j'ai dessiné sur papier la carte d'un monde d'héroic fantasy issu de mes textes littéraires personnels d'alors. Il m'a fallu deux mois, matin et après-midi, à concevoir cette carte de deux mètres sur deux mètres.

Autre exemple plus récent, et qui parlera à ceux et celles qui ont déjà visionné des photos de l'appartement dans lequel je vis depuis plus de quinze ans : sur l'une d'elles, on voit une gigantesque mappemonde du XVIe siècle accrochée au mur surplombant mon lit ; dans ma chambre. En fait, il s'agit là d'un puzzle de 24 000 pièces, auquel je me suis attelé il y a une dizaine d'années maintenant. Il m'a fallu près de six mois pour le terminer. Parfois, en y consacrant juste quelques minutes quotidiennement. Parfois, plusieurs heures d'affilée, à un poursuivre l'élaboration.

Évidemment, pour ce genre de projet, comme pour bien d'autres équivalents, il est nécessaire d'être concentré, d'avoir de ma patience, d'être persévérant, que sais-je encore. Or, dans une société comme la notre, où tout va vite, où tout n'est qu'éphémère et superficiel, ce ne sont pas des qualités qui sont mises à l'honneur. De la même façon, lorsque j'écris - notamment ce genre d'article, mais pas seulement -, ces qualités sont impératives. Il faut être minutieux, attentif, user de toute son énergie mentale. Il faut lire, énormément. Il faut décortiquer les informations que l'on accumule, les synthétiser, en modifier l'ordre éventuellement. Il faut approfondir certains paragraphes, en couper d'autres. Il faut corriger les fautes de grammaire et d'orthographes, ôter les lourdeurs, les répétitions, les coquilles lexicales.

Pour tout cela, il faut du temps. Ce temps dont la plupart des gens conditionnés par leur métro-boulot-dodo ont oublié la valeur - pas financière !!! -, auquel ils sont inévitablement enchainés. A mes yeux, cette façon d'être, de se comporter, de se soumettre aux diktats d'un modèle de société dont ont voit aujourd'hui les limites et la fragilité, est l'un des éléments qui pousse notre civilisation vers l'abime à plus ou moins brève échéance. Ce n'est pas le seul élément, loin de là. Il y en a des myriades d'autres - économiques, industriels, sociaux, sanitaires, environnementaux, climatiques, à prendre en compte, c'est évident. Néanmoins, anthropologiquement parlant, il est fascinant de constater à quel point ils en sont dépendants. A quel point leurs ressources personnelles, leur inventivité, leur adaptabilité est sclérosée par leur conditionnement.

Il n'y a que lors de crises telle que celle que nous traversons actuellement, et qui n'est que le prélude à minima - après tout, même si chaque décès est dramatique et que je salue l'abnégation et le courage des soignants qui s'investissent avec force dans leur mission, la mort est de toute façon inéluctable - des celles qui se profilent à l'horizon, que ces grandes questions civilisationnelles se posent. Elles nous contraignent, que nous le voulions ou non, que nous le puissions on nous, que nous y soyons préparés ou non, à voir la réalité en face : rien en ce monde n'est figé. Notre modèle, économique, social, médical, industriel, nos interactions, nos façons de nous déplacer, nos priorités, fluctuent en permanence au cours des siècles, des décennies, des années. Ce que nous croyions pérenne peut être balayé du jour au lendemain. C'est ainsi, il en a toujours été ainsi, il en sera toujours ainsi.

Ceux et celles qui sont dominés par leurs conditionnements se condamnent eux-mêmes à la vulnérabilité. Face à des catastrophes de cet ordre, ceux et celles qui négligent ou méconnaissent les enjeux planétaires de tels épisodes, sont les premiers à en être victimes. Et encore, le coronavirus à un taux de mortalité de 2 à 3 % de mortalité concernant ceux qui en sont atteints. 15 à 20 % en auront des symptômes relativement importants, mais qui finiront par s'effacer. Le reste n'en n'aura pratiquement pas de séquelles. Et si un décès lié à ce fléau est déjà un décès de trop, 2 ou 3 % de décès dans un tel contexte n'est pas si élevé. Imaginez qu'un jour prochain - ce qui est une certitude, bien que nous ne sachions ni quand, ni comment, ni où cela se produira - une catastrophe de plus grande ampleur advienne. Ce que nous parvenons en ce moment à conserver tant bien que mal malgré les restrictions auxquelles nous sommes soumis, s'effondrera définitivement, inévitablement.

Il est évident qu'il y aura forcément un "avant" cette crise, et un "après" cette crise. D'une manière ou d'une autre, elle marquera en profondeur notre nation. Et je ne parle même pas du reste du monde. Il est plus que certain que ses retombées seront immanquablement incalculables dans bien des domaines, une fois terminée. Nous serons entrés dans une ère nouvelle. Ceux et celles qui mésestiment, se moquent, atténuent ses impacts, vont très vite comprendre leur erreur. C'est pour cette raison que dépendre le moins possible de ces automatismes institutionnalisés est vital. C'est pour ça que savoir s'en affranchir et chercher individuellement à agir autrement dans le but de préserver la communauté à laquelle nous appartenons, est nécessaire. Mieux, c'est indispensable.

Je n'en n'ai jamais été aussi conscient qu'à l'heure actuelle. Au vu des événements, des comportements de certains et certaines qui minimisent tout ça, je me devais de le souligner. Il s'agit pour autant là que de très peu d'aspects liés à cette crise que j'ai mis en avant. Il faudrait des dizaines, des centaines de pages, des livres entiers, pour en analyser tous les aspects. Qui plus est, je gage que rares sont les personnes qui vont prendre le temps de lire ce texte, de réfléchir au message qu'il tente de véhiculer. Toujours cette éphémérité et celle superficialité qui est à l'œuvre. Toujours ce "moi, de toute façon, je serai épargné quoi qu'il advienne". Cependant, je me devais, en tant qu'être humain lié cette communauté tout simplement, de l'évoquer...

"Alea Jacta est"...


Dominique Capo


Signaler ce texte