Qui a volé les cendres de Momo ?
Alec Drama
Petite comédie en 1 acte d'une durée de 30 minutes environ, dédiée à tous ceux qui nous ont quitté trop tôt !
A lire sur http://alecdrama.blogspot.fr
Le rideau se lève. Le patron est derrière le bar en train de laver quelques verres et sa femme essuie les tables.
- Rolande : Hier, j'ai refait les comptes... ça tombe encore pas juste ! Tu dis rien ?
-Claude : Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ; de toute façon j'vais encore me faire engueuler.
- Rolande : Je voudrais que tu comprennes ! Y a pas d'amitiés en affaire !
- Claude : Mais tu me fais rire ; des fois, on dirait que je suis PDG de je ne sais quelle boite !
Moi, j'suis patron de bar et pour fidéliser les clients, il faut savoir donner de sa personne !
- Rolande : Ah bon !
- Claude : Quand j'offre un verre, c'est commercial !
- Rolande : Ah bon, alors tu cherches à te fidéliser aussi, c'est ça ?
- Claude : Oh la la, qu'est-ce que tu me soules avec ta rengaine !
- Rolande : Alors là, rassure-toi, tu te soules assez tout seul !
- Claude : T'as jamais rien compris à ma conception du métier.
- Rolande : Non, je crois que c'est toi qu'a pas compris... Il y a donné de sa personne et … donner de sa personne si tu vois ce que je veux dire !
-Claude : En plus, t'es rancunière...
- Rolande : Pour sûr ! Parce que payer des coups à boire passe encore, mais consoler des clientes déprimées...
- Claude : Ça aussi, ça fait partie de mon métier... il faut savoir être à l'écoute... notre profession devrait être reconnue d'utilité publique ; on est, comme qui dirait, un peu des psychothérapeutes mais non reconnus !
-Rolande: Tous les psychothérapeutes ne consolent pas leurs patientes dans leur lit !
-Claude : C'est comme je te dis, t'es rancunière !
Roger, Michel et Serge entrent dans le bar.
- Roger : Salut chef !
- Claude : Bonjour les gars !
- Serge : Ça va mon Glaude ?
- Claude : Pas mal.
- Michel : Bonjour, ma Rolande.
- Rolande, faisant la bise : Bonjour, Mimi.
- Serge : Et nous, on pue ?
- Rolande : Oui, la vinasse comme d'habitude.
- Roger, en chantonnant:... Pourtant, moi quand je vois Rolande, je b…
-Claude : Mme me reproche ma gestion du commerce. J'aurais mieux fait de me joindre à vous pour les funérailles, j'aurais été plus à la fête.
- Rolande : Alors y avait du monde ?
- Michel : Oui ; presque tout le village... on était 28.
- Rolande : Qui qu'était pas là ?
- Roger : Ben vous déjà...
- Rolande : Sans rire !
- Michel: Le père Dubonoeil... il a eu la guigne, il s'est cassé la gueule de son cerisier, hier.
- Claude : Non, sérieux ?
- Rolande : Il est amoché ?
- Michel : Non, non, ça va, il a rien que les deux fémurs et le bras gauche.
- Rolande : Ah ben quand même !
- Michel : Oui, mais il a eu du bol dans sa malchance : il est droitier.
- Claude : Ouais, il pourra toujours lever le coude avec nous !
Tous rient sauf Rolande.
- Michel : Et puis il manquait la Micheline.
- Rolande : Parce que donc ?
- Michel : Je crois qu'elle devait partir 5 jours chez sa sœur malade.
- Roger : Lui porter un petit pot de beurre et une galette...
- Serge :... pourvu qu'elle ait vu le loup, ça la décoincerait un peu !
Tous rient de plus belle sauf Rolande.
- Rolande : Ça fait plaisir de voir à quel point vous êtes fins !
-Michel : Ben, un jour comme aujourd'hui, c'est clair qu'on a envie de rire un peu, en mémoire de notre Momo.
- Rolande: C'est clair qu'il va nous manquer ! La cérémonie était belle ?
- Roger : Bof, moi je préfère les enterrements !
- Rolande : Ah parce que là, tu t'es cru à un mariage ?
- Roger : Mais non ; c'est pas ça mais à l'Église, ça allait, c'est après… j'aime pas le four et tout le reste !
- Michel : C'est sûr, ça fait froid dans le dos de voir partir ton pote, en flammes comme ça !
- Roger : C'est pour ça que je dis que je préfère un enterrement plutôt qu'une crémation.
-Michel : De toute façon au cimetière, y a plus de place, faut faire la queue pour mourir maintenant !
-Roger : Sûr qu'on vit une mauvaise époque pour tout : il faut faire la queue tout le temps, à la poste, au cimetière, même devant se femme…
- Rolande : Oh, ça va tes obscénités ! En même temps, je le comprends, il avait pas de famille alors…
- Serge : Ouais et pis c'est plus écolo !
- Claude : Je crois pas qu'il ait pensé à l'écologie.
- Serge : Ah mais si! C'est que Momo, il faisait ultra gaffe à bien ramener à la consigne les bouteilles de pinard vides !
- Claude : T'es con, toi !
- Michel : N'empêche que c'est moche, on ne pourra pas respecter sa dernière volonté !
- Rolande : Parce que ?
- Michel : Il voulait qu'on disperse ses cendres dans notre coup de pêche.
-Rolande : Et alors ?
- Claude : C'est pas écolo ?
- Michel : C'est pas autorisé mais ça, nous on s'en foutait, on lui avait promis.
- Claude : Et ben alors quoi ?
-Roger : Quelqu'un nous a piqué les cendres !
- Rolande : Comment ça quelqu'un vous a piqué les cendres ?
- Michel : Oui. Après la crémation, ils nous ont donné les cendres. Et nous, on les a versées soigneusement dans un vieux vase de sa mère parce que c'est comme ça qu'il voulait qu'on fasse...
- Claude : Et alors quoi ?
- Serge : Alors on a vu la Fernande…
-Roger : et on s'est dit qu'on devait bien ça à Momo, une dernière connerie en son nom !
- Michel : La Fernande avait laissé son vélo, pendant la cérémonie, derrière l'église avec ses bouteilles de lait et de jus de pommes.
- Roger : Et nous, on a cherché quelle dernière couillonnisse on pouvait bien faire devant Momo puisqu'il était encore avec nous mais pas pour longtemps.
- Michel : En souvenir du bon vieux temps, on a vidé les bouteilles de jus de pommes et...
- Serge : On a pissé dedans !
- Michel : C'est con mais sur le coup, on s'est retrouvés à l'âge de nos 20 ans quand on faisait les cons avec Momo et la Fernande ! Ça nous a fait du bien !
- Claude : Et alors, Momo dans tout ça ?
- Roger : Il fallait qu'on fasse vite pour pas se faire repérer ni de la Fernande, ni du curé alors j'ai posé soigneusement le vase sur le puits pour aider les potes.
- Serge : Mais quand on est revenus...
- Roger : Le vase n'y était plus !
- Michel : On a d'abord pensé qu'il était tombé dans le puits.
- Roger : Alors je suis descendu dedans.
- Claude : Ah c'est pour ça que t'es tout salopé ?
- Roger : Je me sentais coupable… mais j'ai rien trouvé au fond du puits.
- Michel : Aussi on s'est résigné. On avait bel et bien volé les cendres de Momo !
- Rolande : Vous aviez déjà picolé ?
- Michel : Non, j'te jure. C'est juste une folie dans notre chagrin.
- Claude : Y a pas de voleurs ici et puis, quitte à Voler quelque chose... franchement des cendres…
-Serge : C'est bien qu'est-ce qu'on s'est dit, mais il a bien fallu qu'on se résilie !
- Michel : ... qu'on se résigne !
- Serge : Ouais, c'est comme tu dis.
- Rolande : Alors vous avez pensé qu'un p 'tit verre... vous rendrait les idées plus claires…
- Serge : Non pas un p'tit verre, un grand verre !
- Claude : Vous avez cherché par tout ?
- Roger : Partout. Du coup comme on peut pas lui rendre hommage au coup de pêche, on s'est dit qu'i1 aurait aimé qu'on le lui rende ici, dans l'un de ses deux endroits familiers...
- Rolande, à son mari : Ça sent encore les coups gratis, ça !
- Claude : Fiche-moi la paix, c'est un enterrement quand même !
- Rolande : Non, une crémation, et l'alcool attise le feu, si tu vois ce que je veux dire !
Micheline Tocqueville entre dans le bar.
- Micheline : Bonjour tout le monde !
- Serge : Salut la Miche !
- Rolande : Bonjour, Madame Tocqueville.
-Michel : Salut, Mimie.
- Roger : Bonjour.
- Micheline : Un p'tit noir, s'il vous plaît.
Elle s'assied à une table.
- Rolande : Bien serré, comme d'habitude avec 2 sucres ?
- Micheline : Bien noir mais sans sucre.
- Rolande : Ah, vous faites un régime ?
- Micheline : Non, mais je reviens de voir ma sœur ; elle s'est fait un mauvais diabète et on a dû l'amputer de la jambe droite alors...
- Claude : Ah, c'est moche ça !
- Micheline, s'adressant aux 3 copains : Dites donc les Daltons, il en manque un. Il est pas là Momo, aujourd'hui ?
- Rolande : Ah du coup vous n'êtes pas au courant.
- Michel : Il est parti.
- Micheline : Où ça ? Il bouge jamais d'ici.
- Serge : Ah ben, il a pas bougé d'ici et pi il bougera plus.
- Rolande : Comment vous dire ça gentiment avec délicatesse? Il...
- Serge : Il a cassé sa pipe !
- Micheline : Et alors, il est pas obligé d'aller en ville pour en racheter une. Georges peut lui en avoir une rapidement.
- Michel: Non, t'as pas compris. Il a passé l'arme à gauche.
Micheline semble ne pas avoir compris.
- Roger : Il a bouffé les pissenlits par la racine, si tu préfères.
- Micheline : C'est bon, je suis pas bête, j'ai compris mais je suis sous le choc ; comment c'est arrivé ? Une crise cardiaque ?
- Michel : Non.
- Micheline : Il est tombé dans sa cave, c'est ça ? Je lui avais bien dit que c'était dangereux !
- Michel : Non.
- Serge : Il s'est étouffé.
- Micheline : Oh mon Dieu, seigneur, Marie, Joseph ! Etouffé ! Je lui avais bien dit de ne pas manger si vite ! Glouton, vorace, carnassier stupide !
- Roger : Non.
- Micheline : Quoi non ?
- Roger : Il ne s'est pas étouffé comme cela.
- Micheline : Ben comment alors ?
- Michel : C'est un peu délicat...
- Serge : Il faisait la bête à deux dos avec la mère Michèle et dans son extase... j'vais pas te faire un dessin !
- Micheline : Tu dis qu'il a pas eu de crise cardiaque… alors quoi ?
- Serge : Non ! Il a étouffe sous les deux cornes d'abondance de la mère Michèle !
- Roger : C'est qu'elle est pas légère avec son quintal et …ses mamelles pèsent bien à elles deux le poids de notre Momo tout mouillé !
- Serge : On peut dire, si ça te console un peu, qu'il aura eu une belle mort !
- Roger : Il est naît au sein et mort aux seins !
- Micheline : Ben, tu parles d'un coup que ça me fait c't'histoire-là !
- Rolande : Ça va aller quand même ? Voilà votre café.
- Micheline : Ben non, ça va pas. Il me faut un remontant
- Serge : Allez la Miche, j 'te paie un coup, c'est ma tournée en la mémoire de Momo !
Ils se servent tous un verre et boivent d'une traite.
- Roger : A la 1, à la 2 à la 3, cul sec !
-Micheline : Il m'appelait Numéro 11 ; ça va me manquer !
-Michel : Au fait, pourquoi il t'avait surnommée comme ça ?
- Micheline : Parce que ma famille était de l'Aude, département 11. On est arrivé ici quand j'avais 6 ans. Pour lui, j'étais une émigrée.
- Roger : Et toi, Serge, pourquoi il t'appelait toujours Boss ? Ça m'a toujours rendu un peu jaloux. J 'me disais, quand on était jeune, qu'il te trouvait plus intelligent.
- Serge : Parce que j'étais le boss, je pense, le chef de bande.
- Michel : Sans vouloir te vexer, c'était un diminutif : Bo S S pour Boit sans soif.
- Serge : Oh, le salopard !
- Micheline : Vous vous rappelez nos parties de pêche ?
-Michel : Tu m'étonnes !
- Roger : Comme la fois où il a gagné le concours en déconnant ! Le père Martin avait bien failli lui mettre son poing dans la gueule.
- Serge : Ah oui ; il faisait comme dans un film de De Funes, je crois.
Tous les 4 s'alignent face au public et font comme s'ils pêchaient.
- Roger : Et il faisait en tapant du pied comme ça ,48, en hurlant et il levait sa ligne avec un poisson à l'hameçon.
- Serge : L'eau n'était qu'huile, il faisait chaud et personne ne prenait quoique ce soit. Ça ne mordait pas.
- Roger : Et lui…48 ! Et vas-y que je te mets un poisson dans la bourriche.
- Serge : Et le père Martin qui bouillonnait de l'autre côté.
- Michel : En criant : « C'est pas possible ce con, il est venu dresser les poissons cette nuit en douce. C'est au cirque qu'il faut nous le mettre ou au zoo avec les otaries. Voleur de poissons, bandit !
- Michel : Et notre Momo national qui continuait de plus belle avec son 48 !
- Micheline : Un sacré numéro, c'est le cas de le dire !
- Michel : Et vous vous souvenez la fois où on pêchait tous, tranquilles, et qu'on entend un énorme crac…
- Serge : Oh oui, on se demande tous d'où ça vient et on réalise que c'est le siège de camping
de Momo qu'a pété sous son poids.
- Roger : Et notre Momo, coincé le cul comme un crabe, dans son fauteuil qui s'est replié sur lui… pris au piège.
- Michel : Qu'est-ce qu'on a ri ! A en pisser dans notre froc.
- Serge : Et lui qui criait : « Bande de couillons, allez-vous m'aider ? »
- Michel : Et plus il nous engueulait et plus on riait, totalement incapables de le sortir de son fauteuil. On s'y est repris à trois fois !
- Serge : Oh la bosse de rire !
- Claude : Sacré bonhomme Allez, c'est ma tournée.
Même jeu que précédemment.
- Roger : A la 1, à la 2, à la 3, cul sec !
- Michel : Et vous vous souvenez la fois où il nous a foutu une honte d'enfer... à la fête de l'eau ?
- Roger : Oh c'est vrai, on a d'abord bien ri mais après on se faisait pas fiers.
- Micheline : Ah je me souviens ! On était arrivés en retard comme d'habitude et il m'attrape la main et me dit : « T'inquiète pas, on aura une place, regarde l'artiste ! »
- Serge : Et nous, on suivait sans rien comprendre.
- Micheline : Il m'a pris par la main et il a commencé à faire son quasimodo, un bras dans son t-shirt, la tronche tordue.
Roger imite Momo pendant qu'elle parle.
- Micheline : Tout le monde nous regardait et il disait ...
- Roger, faisant une voix étrange : Momo content ; Moi, c'est Momo, bonjour les gens…
- Micheline : Et il a réussi à passer devant tout le monde. Les gens le plaignaient et n'osaient pas nous regarder. Ils disaient : « Pauvre fille ! » en parlant de moi.
- Serge : Et quand il a vu qu'on était bien placés pour le spectacle, il a arrêté son jeu de rôle. Après, la surprise passée, les gens nous affligeaient de tous les sobriquets !
- Micheline : Faut dire que c'était gonflé et pas sympa pour les handicapés !
- Serge : Mais pendant des années, lors des barbecues, des fêtes, il nous refaisait Momo !
- Micheline : C'était un vrai ami, lui aussi !
- Roger : Oui un sacré déconneur mais un super mec. Moi aussi, finalement, j'voudrais qu'on me brûle, qu'on jette mes cendres au coup de pêche.
- Serge : On a qu'à tous en faire autant !
- Michel : Sauf que si on meurt tous, on ne sera pas là en train de parler de nous...
- Serge : Pas faux ! J'imagine ma messe d'ici…
- Roger : Moi aussi ; tu serais là allongé dans ta belle boîte en sapin blanc et je te rendrais un dernier hommage sur une musique bien choisie : « Il était des nôtres, il buvait son verre comme les autres, c'était un ivrogne… On le reconnaissait rien qu'à sa trogne
- Serge : Sympa ! A vous écouter, je suis un gros alcoolo !
Silence gêné de tous.
- Micheline : Faut dire qu'on a toujours cru que c'était toi qui partirais le premier avec tout ce que tu ingurgites !
- Michel : Ouais, d'une Cirrhose...
- Roger, se croyant intelligent :... du foie !
- Serge : Puisque c'est comme ça, à partir d'aujourd'hui, je ne bois plus une goutte d'alcool !
- Michel : Tu risques d'être moins drôle !
- Roger : C'est pas un jour pour arrêter. Là, tu picoles avec nous en la mémoire de Momo, t'arrêteras demain !
- Serge : Vous avez raison.
- Rolande : Surtout que ton cerveau risque de ne pas comprendre ce qui lui arrive… depuis le temps qu'il baigne dans l'alcool, ça lui a fait l'effet du Formol ! Qui sait dans quel état sont tes neurones !
- Serge, vexé et chantonnant comme la première fois: Très drôle… J'm'en fous puisque « Quand je vois Rolande, je b… »
Entrée du facteur qui l'interrompe.
- Le facteur : Bonjour à tous, c'est le facteur !
- Claude : Bonjour, Henri ?
- Roger : Pourquoi tu dis toujours ça ?
- Le facteur : Quoi, bonjour ?
- Roger : Non, c'est le facteur...
- Le facteur : Ben parce que je suis facteur !
- Roger : Et tu crois qu'on te repère pas de loin dans ta camionnette Maya l'abeille et ton petit costume bleu PTT ?
- Claude : Tu paies ta tournée, le facteur, en l'honneur de Momo ?
- Le Facteur : Ben, c'est à dire que...
- Rolande : C'est pour toutes les fois où tu bois gratis !
- Le Facteur : Je l'aimais bien, Momo ; il avait une sacrée cave, c'était pas de la piquette qui me payait quand je lui apportais son courrier.
Claude remplit les verres. Même jeu.
- Serge : À la 1, à la 2, à la 3…
- Le Facteur : Attendez, je pouvais pas être à l'enterrement…
- Rolande : La crémation !
- Le Facteur : Oui, on s'en fout, c'est pareil !
- Rolande : Non, dans le premier cas tu te fais bouffer lentement par les asticots et 2 ou 3 idiots viennent sur ta tombe déposer un bouquet digne de radins, dans le second cas, tu pars en poudre et...
- Le Facteur : Oui, on a compris ! Donc comme je ne pouvais pas être à l'enterrement...
- Rolande : La crémation !
- Le facteur : Mais merde alors ! Ça se dit pas, j'ai une crémation ou je vais à une crémation ! Moi, j'y arrive pas et puis dans les deux cas, ça ne change pas le bilan des courses, il est mort !
- Serge, n'y tenant plus : Bon, on peut boire ?
- Le Facteur : Non, c'est moi qui régale alors c'est moi qui décide ! Je disais donc que comme je ne pouvais pas être à... sa mort, je n'ai pas pu dire un truc sympa, comme ça se fait. Donc, je lève mon verre à Momo...
- Serge :… qui ne s'est pas fait bouffer par les vers !
- Le Facteur : Mais merde alors !
- Serge : J'ai pas pu m'en empêcher, ça rimait trop bien : je lève mon verre... bouffer par les vers...
- Rolande : Quel poète !
- Le Facteur, énervé : Je reprends ! Je lève mon verre à Momo,.. qui... qui... m'a initié à l'œnologie en me prenant sous son aile. Tu étais mon Mentor, Momo !
- Rolande, ironique : Ça c'est de l'hommage quand même !
- Serge : Allez, à la 1, à la 2, à la 3...
- Michel : Non, attends, c'est pas mal son idée !
- Serge : Mais c'est une malédiction ! On est dans un bar, c'est pour boire ! Bar, boire…ça aussi ça rime !
- Michel : Pour notre hommage, c'est un peu court. On aurait pu dire bien des choses en somme en variant le ton, par exemple, tenez : Descriptif : « C'était un roc !... c'était un pic ! c'était un cap ! que dis-je un cap ?... une péninsule ! » Emphatique : « Pourquoi a-t-il fallu, Faucheuse, que tu moissonnes, dès à présent, cet ami qu'on aimait tant ? » Dramatique : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! »
- Rolande : Ben ça, c'est de l'hommage, mais je suis pas sûre que ces vieilles trognes y comprennent grand chose.
- Serge : Moi, je comprends qui faut boire. Hein, tu dois avoir le gosier bien sec après avoir tenu la chandelle comme ça ?
- Le Facteur : Ok boss…
- Serge : Ne m'appelles pas comme ça !
- Le Facteur : Pourquoi ?
- Serge : Parce que ! Y a que Momo qu'avait le droit et là j'ai même pu envie de boire !
- Le Facteur : Ce serait bien la première fois que tu refuses un coup ! A la 1, à la 2, à la 3, cul sec !