Quotidien programmé

kyonaga

Voici l'étendu de mon train de vie désertique. « - Ça va ? - Dire que tout va serait mentir, n'en dis pas plus, je sais que je ne suis qu'échec. »

Ceci n'est pas un texte mais plus une expiration pour vider un peu mon esprit de ces journées monotones. 

Ce matin là je me suis réveillé à 10h47 pour être précis, si seulement je pouvais ellipser cette journée , tout mon corps semble refuser celle-ci.  
A la recherche de temps utile, je peine à me lever…  
Courage… Non ce n'est en aucun cas une question de courage mais seulement de refus, mes rêves me permettaient de m'évader. Toujours aussi difficile de revenir à la réalité.  
Alors je me lève , décimant ainsi tout mes espoirs et mes rêves.  
Il faudrait que je mange me dit mon inconscient. Alors je prends ce qu'il faut pour me faire tenir cette rude journée de plus, un café, des gâteaux aux céréales , en ajoutant à cela mes cachets censés me rendre plus heureux ou plutôt m'assommer pour que j'en oublie même que je suis triste , c'est paradoxal n'est-ce-pas ? Les cachets forment pour moi une sorte de suicide.  
J'allume la radio en espérant de bonnes nouvelles, pas de chance nous traversons une période rigoureuse , pas le temps pour les bonnes nouvelles. 
Après ce petit déjeuner que mon estomac ressent comme rassis, je m'installe sur mon fauteuil , tournant page à page mon livre en cours.  
Toujours seul je parle dans le vide avec des murs muets.  
 
***  

Je souhaite me raccrocher à l'écriture, mais ma plume est trop fade pour mériter d'écrire quoi que ce soit. L'écriture a ce don de m'aider lorsque l'air vient à manquer. /Je préfère écrire que de m'enliser dans mes craintes./ Pourtant l'écriture est aussi un piège , il suffit de regarder tout ce que l'on déterre en écrivant.   
L'horloge tourne , je décide de prendre un peu l'air, une inspiration de plus ou de moins ne me tuera pas.  
Une fois de plus je me vêts de mes habits noirs par habitude , à croire que ma penderie souhaite correspondre avec la noirceur de mes idées. Récupère quelques sous pour aller m'acheter un livre à la librairie du coin.  
Fermant derrière moi la porte d'entrée j'ai la sensation de laisser partir mon refuge. 
En croisant les enfants de l'école jouant dans leur cour de récréation je me rappelle à quel point la balle de mon enfance n'a jamais retouché le sol. Je vois tout en gris , difficile d'affronter le regard des gens , je préfère ne pas les voir. 

Cette sensation d'avoir perdu quelque chose mais je n'ai jamais su quoi, une chose est sûr la mélancolie ne daigne se détacher de mon être.  

Malheureusement ma plume vise le haut mais je suis incapable de faire mieux, cela me fait de la peine. Mes idées prennent des tournures affables , incapable moi même de l'exprimer. 

***
J'arrive enfin à la librairie, pas un mot, le silence règne le temps de mon choix de lecture. J'opte de nouveau pour de la poésie , celle-ci sait souvent exprimer mes souffrances, elles me guident. 
Déposant le livre sur le comptoir de la dame vêtue elle aussi de noir, mais elle ne porte pas le noir comme ma personne mélancolique, en effet malgré cette étrange couleur elle parait heureuse et joyeuse, ce qui me décroche un petit sourire. Voir les gens heureux est une chose qui réconforte mes yeux. Je lui tends l'argent , lui donnant un peu plus que le prix du livre je me retourne et m'en vais.  
Elle sort en courant pour me rattraper en criant : « Votre monnaie ! » ce à quoi j'ai répondu « C'est pour votre sourire ».  

Sur le chemin du retour j'avais la sensation que mon corps entier voulait aller plus vite pour rentrer le plus rapidement possible au refuge. Malgré cela je luttais car pour la première fois depuis que j'ai emménagé ici j'ai découvert un magnifique ruisseau non loin de chez moi mais très bien dissimulé, bizarrement j'étais hypnotisé par le son de celui-ci. Je suis resté assis à côté presque une heure en écrivant sur mon petit carnet noir. Une heure de simplicité loin de mes réflexions sinistres.  

***
En rentrant je bouquine pendant deux bonnes heures ma nouvelle acquisition. Une journée peu enrichissante , la même chose plus un sourire et un ruisseau berçant m'offrant quelques heures laissant s'échapper un léger sourire.  
De nouveau je vais me coucher, repartir dans mes rêves, me plonger dans mes songes.  
Je m'évade jusqu'à ce que je me réveille encore.  

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