Racines
Hen'sen No Tenshi
Je viens d'un vaste pays
N'existant plus désormais
Où le climat endurcit
Une peau déjà tannée
Par le soleil et le vent
Le labeur des cultures
Et un faciès affichant
En premier un regard dur
Mais lorsqu'on regarde mieux
Les stries sur ce visage
Ici juste aux coins des yeux,
Et des lèvres, en décalage
On devine autant de joies
Possibles dans une vie simple
Où se débrouiller fait loi
Chantant pendant l'essimple
Et dansant sous les balles
Terroristes et militaires
Cette peur, comme viscérale
Il fallait bien la faire taire
Même un instant, une seconde
Remplir cet immense vide
Rester vivre dans ce monde
Et redevenir candide
Jouer encore aux noyaux
Faire des courses de carico
Construire des barrilete
Et les regarder voler
Avec du sel sur la peau
Des abricots plein les poches
Les pieds dans le sable chaud
Riant comme de vrais mioches
Cuisiner pour douze ou plus
Comme pour lier la famille
Avec toujours un surplus
Pour absents, morts, en exils
Je me souviens, ces merveilles
Ces plages le soir, de vermeil
Des fennecs sauvages venaient
Se faire nourrir, caresser
Et même des caméléons
Se pavanaient sans pression
Malgré tout, ô mon pays
Funeste erreur tu commis
Les mirages ne nourrissent pas
Même pas ceux là qui y croient
Tant de voisins, tant d'amis
Mais frères de terre, ennemis
Séparés par tout ces droits
Certains ont, les autres pas
Pourquoi ? Nous étions égaux
Tous égaux dans la vraie vie
Mais pas dans les tribunaux
Petit à petit la lie
Vengeance, fratricide
Terreur, méfiance, la fin
Tout a brûlé à l'acide
Mais est-ce vraiment la fin ?
Vaste pays d'où je viens
N'existe plus dans cet âge
J'ai conservé en mon sein
Souvenirs et héritages
Mais si vous me demandez
C'est mon coeur qui répondra
Je viens d'un pays rêvé
Pays qui n'existe pas