Rage dedans (extrait)
jeanduvoyage
Je rentre dans mon trou en plein centre ville. Un appart minable à deux pas du Peyrou que je partage avec un pur produit cosmétique : une Montpellierreine, une vraie comme on les aime. Plaisir des yeux, affront intellectuel. A mon sens, elle incarne l'esprit surpuissant de la superficialité. Elle est chiante, presque attachante, pathétique, sexy, attendrissante, hypocrite et arriviste. On l'est tous plus ou moins, elle est ordinaire en fait. Comme le disait mon ami Georges Abittbol avant de casser sa pipe : « Monde de merde. »3 J'entre dans ce chez « elle », et d'entrée, cette pute me tombe dessus. Elle gesticule, la chance était de mon côté : mon cerveau, habitué aux situations de crise, se met en mode défense, des petits symboles apparaissent devant son jolie maquillage, ils sont bleus, rouges, verts, même jaunes et ils rebondissent dans la pièce. Bill4 fait du bon taf, il s'est emparé de la quasi totalité du marché mondial et d'une partie de mon subconscient, belle réussite ! Entre ces mêmes symboles, elle se donne du mal à ramasser des cadavres de toutes sortes allongés dans la pièce : Heineken, Kronenbourg, Leffe et je passe les cadavres d'origines antillaises ou polonaises. Après ce balai irréel, elle disparaît dans son antre en claquant la porte avec rage. Je coupe l'économiseur d'écran, et je veux dire un truc, mais elle est partie, alors je me roule un autre joint. Je jette un regard maladif sur mon portable qui n'avait pas émis de son depuis trois jours déjà, matérialisation de ma mort sociale, j'écrase à nouveau mes pauvres gencives qui commencent à me faire atrocement souffrir. Je mate l'heure, il est dixsept heures, et je sais pas quoi faire de ma peau.
L'ennui… quelqu'un auraitil dit un jour que la solitude est une affaire de gens seuls ?