Rame.age
mesnil-au-pain
Trajet si ancien, au décor révolu
Relire la page dos à la vitre
Les lignes s'évanouissent des paysages inconnus
De ma cage je dégurgite
L'oubli offre parfois la redécouverte
De nuages remodelés
Où l'œil seul égaré y laisse sa perte
En virages amoncelés
Mais nulle amnésie ne me protège d'ici
Des tirages successifs
Se renouvellent et 'accumulent au long récit
Des babillages décisifs
Toutes ces vibrations d'un passé en résonance
Des mirages superposés
D'une vie déroulée comme une poésie vide de sens
Otage aux armes déposées
Dans le sillon de ses traces le train avance
Au ciel l'orage s'annonce
C'est l'heure de fermer les yeux, zombie en transe
Avant que rage ne dénonce
Le train-train vain élan de vanité vaine
Épaisse nage embourbée
En aléas, méandres auxquels on s'enchaîne
Marécage des jours avortés
De nos amours perdus nos aimées sont mortes
Leur image à jamais figée
Nécessairement érodée dans la triste cohorte
Du corps par l'âge affligé
Deux être perdus sur leur morne couche
Partagent leur solitude aigrie
Sans que jamais leur âme ne se touche
Que se dévisagent leur yeux gris
Des rêves rongés par des idées de crépuscule
Vers le large à la dérive
Laissent la terre exsangue, les espérances minuscules
Derrière la marge de la rive
Petites gouttelettes d'espoir que diluent
Dans des paysages décharnés
Les ruisseaux et rivières que dans leur force polluent
Les virages de la réalité
Où tant et tant je les vois venir s'écraser
Sur le vitrage de la rame
Où pas une ne rentre dans le faisceau arasé
Laissées dans le sillage de la lame
Je voudrai comme elles m'évaporer sans traces
Noyé dans la brume et l'orage
Disparaître dans leur absence que j'embrasse
Jusqu'au plus profond étage