Randonnée - 1

marivaudelle

On a une seule grande serviette de toilette.
Et deux petites.
Je glisse mes fesses dans mon short.
Sans ma culotte.
Que je lave à l'eau de pluie.
Je reste torse nu.
Elle se drape dans la serviette.
Les seins à l'air.
Jalouse de ses seins.
La nuit tombe.
Trop tard pour atteindre un campement.
A l'abri du refuge.
Pain rassis.
Deux couteaux.
Petites cuillères.
Saucisson. Fromage sec.
Une grande lampée d'eau.
Elle aussi.
Assise dans un fauteuil en osier.
Elle à moitié allongée sur la banquette.
Des bougies font danser les ombres.
Le tissu rêche de mon short m'irrite les cuisses.
Je regarde à nouveau ses seins.
Elle me sourit en les caressant.
Me demande de lui lire mes lettres.
Et celles qu'il m'écrit.
Elle en connaît certaines.
Je sors ma tablette.
Ces mots. Les miens.
Les siens.
Je peux les lire.
Difficile de les prononcer.
Elle insiste doucement.
La nuit est tombée avec le froid.
Guère de confort mais l'essentiel.
Des allumettes sur la table.
De vieux journaux.
Je parviens à allumer un feu.
Pas dans le poêle, dans la cheminée ouverte.
Dehors, des bruits d'animaux.
Je ne les reconnais pas.
Mais je reconnais les bruits de mes pensées.
De mes envies qui me lacèrent.
Elle me redemande de lire les lettres.
J'en connais certaines presque par cœur.
Mes seins nus durcissent en se rappelant.
J'allume la tablette.
Mes sens s'allument.
Ma bouche est aussi sèche
Que mon sexe humide.
 
« Une fois encore, une fois de trop peut-être, le soir, je pense à vous.
Je lis et relis le texte que vous avez écrit pour moi,
je veux croire qu'il n'était destiné à nulle autre que moi.
Et je le relis encore, nue devant mon écran d'ordinateur.
Mes mains virevoltent sur mon corps en feu, caressent sensuellement mon bas-ventre.
Mes yeux sont mi-clos, n'ayant comme plaisir la torture de mes mains
et votre exquise prose si douce, si forte, si osée et si tendre..
.mon index s'infiltre, audacieux, dans l'ouverture de mon désir, en silence,
dans le tohu-bohu de mes sensations,
c'est votre doigt que j'appelle.
Je gémis. Mon doigt commence un lent mouvement de va-et-vient,
titillant mon clitoris avide de stimulations.
Ma respiration s'accélère...
mon majeur vient vite rejoindre ce paradis de sensations
et glisse ardemment entre mes cuisses ruisselantes de plaisir.
La sueur perle entre mes seins que je pince doucement, rêvant de vos doigts les triturant.
Je me mords les lèvres, pour ne pas crier.
Mes hanches se cambrent, mes doigts se tortillent, esclaves et dominants, doux et brûlants…
ils m'imposent une cadence accélérée, qui me fait haleter.
Ma main entière se met maintenant à la tâche pour me faire atteindre le paroxysme du plaisir solitaire.
Mon corps est secoué de spasmes...
je glisse de ma chaise et m'échoue sur le plancher, sans m'en rendre vraiment compte.
Je laisse libre cours à mes fantasmes, je vois votre sexe tendu, humide.
Je ne veux plus ouvrir les yeux, pour mieux voir votre émotion,
vous tournez tout autour de moi, je tente de vous attraper, vous m'échappez.
Vos fesses sont un aimant qui attirent irrésistiblement mes envies, mes mains, ma langue.
Ma main gauche maltraite mes tétons pendant que la droite se glisse vers mon antre
et ne pouvant plus me retenir, je crie,
je crie pendant que ma jouissance inonde le plancher mais, non-satisfait,
mon corps exige encore et toujours plus…
Je n'ose plus vous regarder…
Je n'ose plus vous dire les envies qui m'étreignent… »
 
Je ne sens plus la chaleur de la cheminée.
Le feu des souvenirs m'étreint.
J'entends qu'elle aussi halète,
Entraînée par ma lecture.
Je la regarde.
Elle a ouvert la serviette
Elle se caresse.
Je pleure.
De désirs. De regrets.
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