Rapt d'innocence

Ethan Spencer

L'angoisse de perdre ses proches est l'une des peurs les plus répandues parmi nous, et pour cause, totalement justifiée, elle peut arriver à n'importe qui, et n'importe quand. Hm hm, Elisabeth ?

Elisabeth aimait sa mère. Du haut de ses 6 ans, elle savait plus que quiconque à quel point une mère était importante, qu'une mère représentait la stabilité, la confiance, le réconfort. Il suffisait qu'elle se mette à pleurer pour que par magie, sa mère apparaisse et fasse disparaître la tristesse de son enfant. Sa mère avait pour habitude de la regarder, calmement, avec une infinie tendresse, pour que le chagrin de sa fille s'évapore, laissant place à un petit sourire sincère, que nul n'aurait mis en doute.

D'ailleurs, ce soir d'hiver, cette même maman s'était absentée momentanément afin de ramener de délicieux mets pour sa famille. Cette brave femme, au sourire inextinguible, attendait calmement de verser son dû pour ce qu'elle avait choisis de cuisiner, pour les personnes qu'elles aimaient plus que tout sur cette maudite terre. Après avoir réglé le détail financier, la jeune femme quittait le magasin, dégageant comme une aura de bonté, de bienveillance que sa petite fille devait sûrement être capable d'apercevoir.

Sans la moindre méfiance, elle traversait la rue pour ... Etre violemment percutée par un meurtrier mécanique, un véhicule mortel, ayant raison de sa joie de vivre. Projetée sur plusieurs dizaines de mètres, chaque impact de son corps sur le sol atténuaient peu à peu son sourire, distillaient la vie dans ses pupilles pour laisser place à la vacuité des ténèbres. Une fois que son corps inanimé par l'absence de vie cessa son interminable contorsion, les passants commencèrent à affluer vers sa carcasse.

Pendant ce temps, sa jeune enfant était à la maison, attendant patiemment le retour de sa mère adorée. Minute après minute, heure après heure, l'angoisse de progéniture paraissait intarissable, jusqu'à ce que son père, abattu, comme un animal dont on avait procédé à la curée, s'approcha d'elle. Ses mots furent tremblants, hésitants, lourds d'émotion, empêchant l'homme d'effectuer une phrase distincte, ce qui pourtant n'empêcha pas l'enfant de réaliser la gravité de la nouvelle. Ce drame, ce monstre d'injustice, eut raison de l'innocence et de la pureté de la pauvre jeune fille, qui n'eut autre que comme réaction ... 

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