Rebel Without A Cause

Jerry Milan

Dans mes errances Californiennes je suis tombé, parfois complètement par hasard, sur quelques personnages hauts en couleur. Un jour je me pointe avec mes potes bikers au bar de Joey. En général c'était les vendredi après le boulot en fin d'après midi. Puis nous partions en fille indienne, une vingtaine de bécanes voir plus, jusqu'à un endroit sur la PCH au nord de Malibu. Un rade de bikers genre ranch en bois, mais à la place des chevaux, c'était les Harleys qui parquaient dehors. On se mettait là, sur la terrasse pour admirer les coucher de soleil avec une pinte de bière dans une main et le joint dans l'autre. A l'intérieur, deux billards, une scène ou on pouvait jouer et un bar de 15 mètres de long sur lequel se trémoussait deux table top dancers.
J'étais en train de discuter avec Joey qui rinçait ses verres derrière le comptoir, quand un type entre en gueulant. Habillé d'un imper crade, débraillé au visage vérolé. Il était déjà bourré. Il se posa en renversant deux tabourets et commanda une bière tout en râlant que la bière, c'était de la merde et qu'il préférait mille fois le vin blanc, mais qu'il n'y avait pas d'un bar mille miles à la ronde, qu'il en servait un correct. Puis il demanda du feux pour allumer son cigare. Ce type, s'appelait Charles Bukowski, un écrivain. C'est Joey qui me l'a dit. Je l'ai revu trois ou quatre fois sur le même tabouret avant pouvoir entamer un brin de conversation avec lui. Un jour, il était bien luné car il a touché du fric pour un article et il payait des tournées à tout le monde. Soudainement, il se tourna vers moi:
'' T'as une bagnole gamin?''
''Oui, j'en ai une dehors''...
''Alors, tu va me ramener chez moi, OK? J'ai du boulot. On s'arrêtera en route, tu va m'acheter une bonne bouteille de vin blanc. Pas de panique, je te payerait la course.''
Il m'a d'abord trainé dowtown chez un marchand de spiritueux qui vendait du vin à son goût, puis nous avons continué jusqu'à Alameda Boulevard où il crêchait dans un hôtel miteux. Il m'aimait bien alors parfois, je venais frapper à sa porte.
''T'as amené à boire?'' demandait-il d'abord.
''Si oui, je t'ouvre, sinon reviens avec un pack de bière, petit !''
Buck, un clochard céleste de génie dont je suis toujours fan.
Joey, lui aussi était un cas pour la science.
Lors de nos virées à moto il n'était jamais le dernier dans la queue ni à faire le con. Motos, alcool, filles et le rockandroll. Il y avaient de tout dans notre bande de Bad Boys. Aussi bien les gars dont il ne valait mieux pas savoir d'où ils venaient et ce qu'ils faisaient. Hell's Angels, musiciens marginaux et même des gars comme Gwen, agent d'assurances dans une grosse compagnie de LA en semaine et biker allumé les weekends. Les vendredis en fin d'après-midi il jetait sa chemisette blanche bien boutonné qui cachait ses tatouages, son pantalon à pinces et son blazer, sautait dans un cuir et sur sa bécane et whouuu, la route était à lui! La majorité de motos étaient des Harley Davidson trafiqués en chopper, mais il y avaient aussi quelques anglaises et même une italienne. Nous nous déplacions en fille indienne assez impressionnante. Quand on débarquait dans un bar, les gars investissaient le comptoir et les billards, les danseuses sautaient sur leurs perches, les groupes attrapaient leurs guitares et la fête pouvait commencer. J'ai fini parfois par y jouer, moi aussi. Ces virées étaient un manne pour Ted qui en profitait pour faire son biz. Il trouvait toujours quelqu'un pour l'amener et à la fin c'est même lui qui organisait les sorties et ameutait les filles pour qu'elles viennent avec nous. Elles aimaient bien ça, les petites californiennes. Ce qu'elles aimaient moins, c'était les bagarres qu'un abruti déclenchait quasiment à chaque fois à un moment ou un autre. Les gars, fallait pas les chatouiller sur leur apparence, leur appartenance ou draguer les copines. Le mec qui n'a pas compris de suite en prenait plein la gueule. Il y a eu des moments mémorables où tout le monde s'y mettait et les coups de poing pleuvaient dans tous les sens. Tu pouvait en prendre une bonne même de la part d'un pote. Les filles hurlaient et le proprio appelait les flics. C'était le signal pour sauter sur les bécanes et se casser illico en laissant derrière que les débris et la désolation. Les flics nous tendaient souvent des pièges, mais devant l'importance du cortège baissaient aussi souvent leur froc. Par contre il ne fallait pas se faire repérer et se faire coincer en solo. Là, tu mangeais pour les autres!
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