2016 - Recap - Liste 3

Proposition 1 :

Reconversion 

Il avait longtemps travaillé sur un chalutier. Lorsque ceux-ci furent mis à la casse il constata que trouver un autre travail n'était pas chose aisée : Il aimait lasolitude, n'avait guère d'entre-gens. Pour calmer ses angoisses, il passait tout son temps à cultiver son jardinet jusqu'à en faire une création unique et une véritable obsession : il cultivait des légumes rangés suivant l'alphabet : aubergines, bettes,céleris …et courait d'une plate-bande à l'autre avec sa brouette. Un soir, bercé par le chant flûté des crapauds qui couvrait même le bruit de la circulation ducarrefour, il entra dans une profonde rêverie qu'il trouva merveilleusement relaxante. Quand il reprit pied dans la réalité, il se sentit étrangement serein. Il mit cet apaisement miraculeux sur le compte des batraciens. C'est ainsi qu'il lui vint l'idée de créer sa société de vente de crapauds qui compte aujourd'hui plus de trois cent personnes et dont sont clients tous les hôpitaux psychiatriques de la région.

Proposition 2  ( Merci Valérie):

Nouvelle vie

Au carrefour de  sa vie de solitude, il était las, épuisé même.

Rêveries.

Pourrait-il poursuivre longtemps dans son jardinet à trimballer ses brouettes de céleris ou de carottes, rêvant qu'elles partent vers de lointaines contrées par chalutiers ?

Ou devrait-il imaginer de nouvelles créations ? un nouvel alphabet pour que les hommes communiquent enfin avec les batraciens, les amphibiens ou les martiens ?

Proposition 3  (merci Vegas Sur Sarthe):

Collision

Perdu dans ma rêverie, je ne vis pas l'engin débouler au carrefour.

Il tenait de la brouette de Zanzibar et de la chignole Black&Decker.

Le choc nous ayant poussé tous deux au beau milieu d'un jardinet – la beauté du milieu du jardinet étant à cet instant le dernier de mes soucis – ma bagnole ressemblait plus à une création de César qu'à une voiture, une de ces compressions qui doivent coûter un bras... d'ailleurs il m'en manquait un.

Une sorte de grenouille mâtinée batracien s'extirpa de ce qui s'apparentait à un chalutier démâté en baragouinant des mots incohérents tout en secouant une choucroute sixties couleur céleri rémoulade.

Tandis que la grenouille ânonnait son alphabet, je vivais un grand moment de solitude, l'œil rivé au compteur de caractères qui par bonheur fonctionnait encore.

“Vous étiez au moins à 800!” coassa la rainette au céleri.

“855” lui criai-je, en levant le seul poing qui me restait “et je n'irai pas plus loin”.

Il était temps que je m'arrête avant l'infraction.

Proposition 4 (Merci à Louve) :

Joséphine et Armand

Les rêveries de Joséphine, c'étaient de faire de grands voyages, et lorsque, de son jardinet en bord de mer, elle voyait passer les navires, chalutiers et autres paquebots, elle laissait s'envoler, avec eux, son imagination si fertile.

En attendant, tous les matins, elle remontait le grand chemin qui menait à sa bicoque, en poussant sa brouette. Dedans : céleri et autres légumes. Un bonheur, une fierté pour elle, de s'occuper de son petit potager, sa création ! Et puis, c'était tout ce qu'elle savait faire la petite Joséphine.

Mais, ce qu'elle préférait, avant tout, c'était, avant le carrefour, de s'arrêter  chez Armand, l'instituteur, qui, tous les mercredis, lui enseignait l'alphabet avant de la lutiner sur le sofa du salon.

Ah ! Comme elle aimait ces cours d'écriture et, cerise sur le gâteau, lorsqu'elle avait fait quelques progrès, de se faire culbuter par le bel Armand. Comme il savait rompre sa solitude, le coquin !! Elle apprenait ainsi l'art des belles lettres et tous les secrets de la sensualité.

Il lui avait appris la brouette thaïlandaise... C'est où la Thaïlande ? - Cherche-pas lui avait-il répondu entre deux baisers.

Lorsqu'elle sortait de chez son maître d'école et amant, elle allait se réfugier près de la mare cachée dans le petit bois, et là, allongée sur les mousses tendres, elle écoutait les chants d'amour des batraciens.

Et c'était ainsi tous les mercredis !

Proposition 5  ( Merci Anne Marie)

Jardin secret

Tout n'est que rêverie à chaque carrefour

Dans notre jardinet, création littéraire,

On y apprend le verbe, l'alphabet de l'amour

Nous n'y avons monté ni clôture, ni barrière.

Regarde ! Vois ! Sens ! Ecoute !

Tout y respire...

Là, un potager

Ici, la roseraie

Et puis l'étang...

Aux senteurs des aromates, se mêlent celles du céleri et des tomates

Bestioles et batraciens dans la nature s'ébattent

Et si l'on s'aventure aux delà des fougères, des brouettes de fleurs de mille couleurs éclatent.

Viens et je te promets que nous ne laisserons plus débarquer sur nos terres ce chalutier, pêcheur de solitude...