2016 - Recap - Liste 4

campaspe

Ambiances très variées pour cette liste là - mystères et quotidien...

Proposition 1 :

Découverte

Après cinq heures d'autoroute, il arriva enfin au gîte qu'il avait réservé. Au moment même où il ouvrait la porte un orage épique se déclara. Il pleuvait dru et le vent soufflait en ouragan. Le temps de décharger toutes ses affaires et il était aussi trempé que s'il avait fait un plongeon dans une rivière. Son tee-shirt aurait pu servir de pattemouille. Les bourrasques déracinaient les arbres alentour qui tombaient comme les baguettes d'un mikado géant. Plus question d'aller manger ses sandwichs au milieu des pâquerettes. Il préféra aller se coucher tôt. Le lendemain, le vent avait chassé les nuages et le soleil brillait. Dans le jardin, le vieux chêne n'avait pas résisté aux rafales. Entre ses racines, il trouva un antique chandelier d'argent dont les ciselures représentaient des scènes moyenâgeuses. Ce fut comme un électrochoc : il possédait un chandelier exactement semblable que lui avait légué par sa grand-mère.


Proposition 2  ( merci Valérie): 

Accident 

A 200 km à l'heure sur l'autoroute, sa vie défilait comme un ouragan. Tout à coup, un choc, un électrochoc même ! Plongeon brutal dans son passé qui s'enfuit.

Éjecté, il atterrit le nez contre une jolie petite pâquerette aux fines ciselures. On mit la carcasse de sa voiture sur des chandeliers pour essayer de comprendre cet accident en pleine ligne droite.

Même avec une pattemouille, la tôle ne pourrait être défroissée.Avait-il voulu attraper le paquet de Mikado ou le morceau de gruyère qui jonchaient le sol côté passager ?


Proposition 3  (merci Louve):

Bérangère 

Bérangère avait un prénom aristocratique, du moins le croyait-t-elle...Est-ce parce qu'elle était la fille du garde d'un de ces magnifiques châteaux qui se dessinaient encore dans le beau département de Seine et Marne ? Peut-être ?

Elle avait cette chance, en effet, le soir venu, une fois que les derniers touristes avaient déserté la place, de pouvoir déambuler dans les immenses pièces et nombreux couloirs du château dont son père avait la responsabilité.

Du haut de ses dix ans, elle admirait, dans la semi-pénombre, les toiles des grands maîtres et il lui semblait que tous les illustres personnages qui y étaient peints posaient leurs regards bienveillants sur sa frimousse. elle effleurait précautionneusement de ses petits doigts, les boiseries, ciselures, les chandeliers sur les marbres des immenses cheminées, les lourdes tentures masquant les hautes fenêtres ; enfin tout ce qui faisait la grandeur de ce palais.

Chaque soir après avoir folâtré dans le grand parc, cueilli maintes pâquerettes et autres fleurettes, ses pas l'entraînaient inexorablement vers la grande demeure si mystérieuse.

Cet après-midi là, elle était restée à regarder sa mère repasser, assouplir le linge à la pattemouille Elle n'avait pu sortir à cause de l'ouragan qui sévissait depuis le matin. Elle avait bien fait quelques parties de mikado avec son jeune frère, mais l'ennui avait vitre repris le dessus. En fin de journée, sa mère lui avait proposé "d'aller faire les magasins", mais rien qu'à l'idée de prendre l'autoroute, triste et monotone, et de supporter tout ce monde qui l'effrayait, elle avait catégoriquement refusé.

Après une collation de pain et de gruyère, elle s'était vite éclipsée dans les dernières gouttes de pluie, en direction du château. Elle aimait le silence, la tranquillité de "son domaine". Elle adorait ce plongeon, ce retour en arrière, dans l'histoire, imaginer tous les grands de ce monde évaporé. En grandissant, cela avait été un électrochoc pour elle de découvrir ces lieux enchanteurs.

Après tout, ne se considérait-elle pas comme une des descendantes d'un aristocrate, voire d'un roi ! Son père, ne lui avait t-il pas raconté qu'en des temps très anciens Louis XV avait offert ce château à sa favorite du moment : Madame De Pompadour. Elle pouvait d'ailleurs admirer le tableau qui la représentait ainsi que ceux de Louis XV et Louis XIV accrochés sur les hauts murs des chambres tapissées d'or et de brocart.

Lorsqu'elle trottinait au fil des boudoirs, des cabinets, des corridors secrets qui n'en avaient plus pour elle, elle sentait leurs fantômes se glisser auprès d'elle, la suivre... elle devinait alors les rires, les chuchotement des courtisanes. Elle les imaginait derrière leur éventail, discuter entre elles des potins habituels de la cour. Elle sentait le froissement des riches étoffes moirées de leurs robes virevolter autour d'elle. Elle entendait les cavalcades, les petits trots de souris des servantes, dans l'escalier en colimaçon qui menait aux cuisines dans les entrailles de la grande bâtisse. Elle croisait les valets en livrée qui apportaient des rafraîchissements aux seigneurs désoeuvrés et bavards jouant aux cartes ou autres jeux de l'époque....

Tout un monde de secrets et d'intrigues.

Elle leur parlait, ils étaient devenus ses amis !

C'est alors qu'elle la vit ... vaporeuse et diaphane. Elle lui tendait ses beaux bras blancs, elle l'appelait par son prénom. C'était, sans aucun doute, la maîtresse des lieux : Madame De Pompadour !

Sans hésiter un seul instant, Bérangère se lança à sa suite...


Proposition 4 : (Merci Bombyx)

Rencontre virtuelle

- « Alllôô… C'est Ouragan de Velours qui te parle, je suis toute à tooiii…

- Oh ! Bon Dieu ! C'est toi Jocelyne… ?!?

- …

- J'y crois pas ! J'étais sur l'autoroute et Gégé m'appelle en me disant « Devine le nouveau boulot de ta femme ? ». Oh ! Putain !L'électrochoc… ! Ne me mens pas, Jocelyne… Depuis quand ça dure, ton manège ???!!!

- Mmmhh… Elle est dure, j'aime…Surtout quand ça dure longtemps…Mmmhh… !

- OK. Bon.

- Oh oui… C'est bbooonn… !

- Tu comprends pas que c'est un vrai plongeon dans le vide ce que tu me fais, là ? Et merde… Comment je vais m'en remettre, moi ?!

- Tu veux me la remettre, oh… mmmhh ! C'est quand tu veux, mon loup…

- Donc… En gros, nos soirées scrabble, petits chevaux et mikado, en fait t'en avais rien à foutre… ? Oups ! Non, ça va, n'en dis pas plus, Jocelyne. Arrête !

- Naann… Naann ! Continue ! Encore ! Oui… !

- Ah ! c'est comme ça que tu le prends ? D'accord… Y a encore plein de trucs à faire à la maison ! Rentre !

- Rentre-là, oh oouuiii !

- Très bien. La liste de courses sur la table, je rajoute quoi ? Jambon ?Gruyère ? Pain de mie ?

- Ouui ! Croquez-moi… Monsieur… Comme il vous plaira…

- C'est noté… Ah ouais ! Et puis y a une tonne de repassage à faire, aussi. Tu veux que je t'installe déjà la table, le fer et la pattemouille ?

- Je mouille, regarde… ! Mon Dieu ! Tu as de vrais doigts de bricoleur, toi… !

- Ouais, ça va, c'est bon. Ok. Je fignolerai les ciselures du plafond dimanche. De toute façon, les travaux sont bientôt fini… Promis.

- Je viens… Ouais… J'arrive ! J'arrive ! Maintenant !

- Tu sais ma Jocelyne… Il n'est pas si loin le temps où on effeuillait lapâquerette ensemble dans les champs. Tu te souviens … ? Allez, soyons fous ! Ce soir je te fais le grand jeu : resto, Champagne et chandeliers. Et puis comme ça, on pourra parler de ta journée de travail… Je t'aime ma Jocelyne.


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