Regarde-moi de dos, si le reste est si laid à voir

chevalier-neon

J’ai des bouts de toi restés accrochés,
des choses qui me collent à la peau.
Je ne laisse personne m’approcher
depuis que je ne suis plus qu’un dépôt
encombré de trop de souvenirs
comme d’autant de vieilleries inutiles
qui bouchent la vue de l’avenir
vers lequel je marchais bien que si futile.


J’ai sans doute un air de moins que rien ;
J’ai l’air d’un garçon facile,
un air de musique sans nul lien
avec mon amour docile.
Mon cœur qui te suit comme un chien ;
j’ai la culpabilité trop lourde.
Je n’ai rien à offrir de bien ;
mon âme au final est bien trop sourde.


Je voulais juste être mort...
Finalement rester ici marche mieux ;
j’y apprends si bien le sort
de ceux qui ne veulent pas être des dieux
face à ceux qui s’imposent comme tels.
J’étais un peu de toutes ces ordures ;
de ceux qui ne veulent être mortels
et font tout pour que les anges endurent.


À la place de ta souffrance,
j’aurais dû chercher à te protéger.
C’est si rare dans cette errance
de ne plus vraiment vouloir abréger
une vie qui voit un miracle s’offrir.
Mais je t’ai renié sans croire à ton existence ;
j’ai su bien sûr comme tu as dû souffrir
puisque j’avais moi-même perdu ma substance.

Ces bouts de toi si je les arrachais
alors ma chair s’en irait avec eux.
La rancune que j’ai pu remâcher
s’est transformée en un chagrin aqueux.
C’est sûr que j’avais tort,
mais je le savais depuis le début.
J’aurais été mieux mort,
mais je ne voulais pas être au rebut.


Mon orgueil t’a privé de ta dignité,
ma méchanceté a piétiné ta gentillesse.
J’ai changé à mon aise la vérité,
j’ai bu ta sève pour t’accuser de mon ivresse,
donnant des excuses à ma violence,
elle qui existe juste d’elle-même.
Je suis bien le comble de l’insolence,
à tant exiger qu’on me dise je t’aime.


Parfois je me dis que c’est toi qui restes,
mais je ne te laisse juste pas partir.
J’ai du toi fixé jusque sur ma veste,
un toi sans doute qui souffre le martyre.
Allez, j’embrasse ces jours à venir ;
je veux donner mon amour à ce qui arrive.
Car le mien tu ne peux plus y tenir,
alors laissons-le s’en aller à la dérive.

(écrit le 29 juin 2012)

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