Remue méninges

Yvon Bouëtté

CHASSER DE MON ÂME / 2ème partie.



Remue méninges entre mon âme et moi.


Dans mon âme d'où un matin j'ai tout chassé

Porté par ma frénésie n'ai-je pas abusé ?

Vide, dénué de pensées mon âme est nue

Quel triste et sinistre résultat ai-je obtenu !

Suis-je plus en paix avec moi-même
Ou subsiste malgré tout le même problème ?

***

Moi âme nue et égarée, en moi-même déambule

Me questionnant dans un silencieux conciliabule

Pourquoi maintenant avoir fait cet horrible ménage ?

Dont plus rien ni personne ne surnage

Où sont mes nombreuses joies et mes peines

Rires et envies que plus rien ne refrène ?

Mes bonheurs simples au bord d'un chemin

Mes petits chagrins au demeurant bien bénins.

Mes tourments méritaient-ils un tel saccage

Ma guérison exigeait-elle un tel carnage ?

***

Mon âme en ce jour est-elle enfin apaisée

En ai-je fini de mes nuits angoissées ?

Est-ce terminé de trier le bon grain du secret

Tenter de remettre en place le vain ou le concret ?
Que les mauvais jours sont désormais passés

Loin dans un coin de ma mémoire cadenassée ?

***

Moi âme vide et nue, va-t-il me reconstruire

Ou alors sciemment me laisser dépérir ?
Va-t-il en moi resemer un peu d'espoir

Ou laisser ce vaste champ de désespoir ?

Vais-je revoir bientôt le soleil dans le ciel

Où sombrerais-je dans un sommeil artificiel ?

Va-t-il rechercher dans ses souvenirs d'enfance

Ou alors, reprendre tristement les chemins de l'errance ?

***

Mon âme, depuis ses mots des jours et des nuits ont passé

Dans les méandres sombres de ma vie des murs j'ai dressé

Au long des rues grises et mouillées mon pas lourd retentit

Au creux de la fraîcheur de l'air marin mes idées se délient

Dans mes pensées enfiévrées mes tourments perdurent

Au fond de mes angoisses, seul, mes souffrances j'endure .

***

Moi âme vide et nue, je sens monter un frémissement

Ou alors n'est-ce encore qu'un nouveau renoncement ?

Va-t-il maintenant dans un sursaut ultime se ressaisir

Boire et goûter avidement l'ivresse et les plaisirs ?

Va-t-il enfin à travers ses yeux entrebâillés

Sur les choses et les gens encore s'émerveiller ?

Va-t-il se souvenir des moments heureux

Tous les instants oubliés d'un monde radieux ?

***

Mon âme, j'entends bien dans ma tête ta supplique

Comprends-tu bien ce que pour moi cela implique ?

Revenir en arrière, oublier les choses et les gens chassés.

De mes émotions par moi, sauvagement fracassées

En toi les réintégrer encore mais enfin expurgées

De mon existence vices et turpitudes déchargés.

***

Moi âme vide et nue, j'aspire à ce que les choses changent

Oublier bientôt ces événements qui nous dérangent.

Va-t-il enfin comprendre qu'il était inutile de toujours se lamenter

Ou dans un sursaut au tréfonds de lui-même va-t-il se révolter ?

Le temps se conjugue aujourd'hui, dorénavant au présent

Chasser les mauvais souvenirs de sa pensée omniprésents.

Que de nouveau corps et âme soyons réunis et soudés

Pour ensemble sereinement l'avenir appréhender.

***

Mon âme tu n'es plus ni nue, ni vide,

De vivre avec toi je suis de nouveau avide !

Remplissons allégrement l'espace en toi créé

Par le rejet brutal de mes souvenirs massacrés.

Cheminons, ici, sereinement de nouveau ensemble

Toi mon corps et toi mon âme qu'enfin la raison rassemble.

***

Au long des rues ensoleillées mon pas allègre retentit

Dans la chaleur du matin, en mon âme mes idées ont rejailli.


Yvon Bouëtté


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