Renaissance
bea2050
Les Parques tissant leurs fils de vie ont fait se croiser nos chemins de différences.
Age, sexe, mœurs, univers, tout pour elles étaient sans tabou et sans conséquence.
Seule comptait à leurs yeux l’envie de confronter nos désirs et nos attirances.
Toi, condamné sur ta barque descendant le Styx qui menait à tes enfers ordinaires ;
Moi, enfermée dans ma tour d’ivoire, ressassant mes chagrins et mes colères.
Avec trois oboles j’ai soudoyé le nocher pour qu’il m’emmène vers ton néant.
Dans l’eau sombre du fleuve Achéron, j’ai visionné tes souffrances de chair et de sang ;
J’ai vu surgir de la boue tes rêves, tes illusions, et ton âme torturée par ses égarements.
De retour sur la berge, j’ai sollicité les savants et les sages, consulté les augures et la Pythie,
Puis, j’ai démantelé tes croyances et tes certitudes et fait de la charpie avec tes utopies.
Je t’ai attiré doucement sur mon cœur meurtri par mes longues années d’errances impies,
Pour qu’à ton contact renaisse en moi la fragile fleur sacrée issue de l’amour divin universel.
Alors, dans ton regard vide de toute émotion est venu poindre la lueur d’une aube nouvelle.