Rendez vous galant

saharienne

Fille qui fume sa cigarette en larme sur son balcon
En dessous un SDF qui refait sa coiffure en piochant dans un vieux pot de gel crade

Elle fume, par petit gestes timide qui flanchent et ratent ses lèvres

Il passe sa main dans ses cheveux, par petit gestes élégants

Et me glace le sang

Et me glace le sang

Sans sentiment un simple souffle traverse ses cheveux souples et blonds

Il regarde son reflet dans la vitrine et rajuste son geste

De quelques miliètres

D’un geste souple et leste

Et la cendre s’écroule par petit paquet sur le bitume

A quelques centimètres

Du poncho usé qui lui sert de veste

Son chien y trempe sa langue et se rallonge

Elle ouvre et ferme le clapet de son téléphone

Chaque seconde

Et me glace le sang

Et me glace le sang

Dans le silence épais bourgeois d’un dimanche d’été parisien

Quelque part dans un des beaux quartiers haussmanniens.

Il pleut bientôt et chacun reste à son poste

Le tableau est soudé par l’ennuie et l’attente sincère et sans suite

D’un quelconque rendez vous galant

Qui fait se mettre du gel dans les cheveux

Et trembler les lèvres

Ca ressemble un peu

A l'ambiance d'avant un meurtre

Dans les vieux polars 

Celui avec l'inspecteur

Et les dix dernières pages

Mais on est au tout début du roman

La tension monte et l'on présente les personnages

Chacun a son poste et parmi eux le coupable

Il n'y en aura pas un de plus

Et me glace le sang

Et me glace le sang

Tournant les pages fébriles à la fenêtre

De ma chambre de bonne

J'imagine une bourgeoise trompée

Et qui un soir sordide déconne

Tue toute sa famille à la machette

Et disparait quelque part dans l'Aveyron

Tandis qu'il cache le corps et que

Dans une poche

Il trouve un pot de gel un peu usé un peu crade

Ils sont complices, elle est coupable. 

Ou peut être bien qu'il y a vingt ans

De l'amour le plus pur, le plus adolescent

Ils auront prononcés quelques engagements

Et que mon Roméo desargenté 

N'ose pas encore se manifester

Mon thé refroidis la pluie me brouille la vue

La blonde a finit par rentrer, le clochard se cache sous son duvet

Fin de l'histoire mais il y a dans l'air

Quelque chose qui pue 

Et qui me glace le sang

Et qui me glace le sang.

  • J'aime tellement. J'aime te-lle-ment.
    "Ils sont complices, elle est coupable. " Cette phrase me fait penser(dans sa forme) à des phrases du Cancre de Prévert.
    C'est excellent, au début on se sent juste en train d'observer, mais on se retrouve vite dans la tête de celui qui voit, et qui s'imagine une aventure, c'est trop bien.

    · Il y a environ 11 ans ·
    Bohouhouh 92

    nulie

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