Renegade
majorelle
Je brûle. Intérieurement. Tu ressens ce feu qui m'habite ? Qui m'exalte ? Qui me consume ?
Je brûle. De rage. Je brûle. De douleur. Je brûle. De désespoir. Je brûle. De haine. Je brûle.
Je brûle. Flammes ardentes et déchirantes au fond de mon âme. Bien sûr que tu ne les vois pas. Je suis seule avec mon feu de joie. Que les flots de l'être aimé viennent m'apaiser. Que la douceur automnale vienne étouffer l'ardeur de mes tourments enragés. Je brûle. De peur. Je brûle. Tant d'aigreur dans le souffle fétide de la terreur. Ne me laisse pas seule. Mais laisse moi seule. Je préfère brûler à perdre haleine que de te voir jouer avec ma haine. Suintent les perles de la chaleur humaine… Humaine ? Tous les pores de ma peau suent le rejet de mes peines. Le cri. Insensé. Le cri, insensé, de la brûlure au centième degré. Ce cri, bestial, de l'esprit torturé. Cette combustion, interminable, du corps par l'esprit, sans jamais s'arrêter. Et mes larmes, qui ne veulent plus couler. Noyées par étouffement. Chavirées dans la rougeur de l'océan. Allume la lumière, je t'en prie, je veux voir un peu plus clair.
Comment se consume un intérieur ? D'abord le coeur il me semble. Puis influx sanguin dans les artères, à coups de feu ravageur. A bout portant. En intraveineuse. Insuline maximale qui se déploie rapidement. Puis les poumons, en manque d'oxygène, suffoquent. Cherchent
l'air. Encore un peu. Pour faire durer l'instant. Les mains, enfin, moites, en quête d'un exutoire. D'un échappatoire. Font une prière silencieuse, un seul et unique mouvement. La paix extérieure. La folie en dedans. Mes démons jubilent, en danse macabre ils composent, quelques notes lugubres sur fond de carillon. Je brûle. Sournoisement. Je brûle. Je hurle. Suppliante. Je brûle. Laisse moi brûler encore.
Chavirement de l'esprit. Acharnement du corps. Renversement du jeu. Je brûle en dehors. Et à l'intérieur il fait vide, maintenant que tu éclaires la noirceur de mon âme. Quelques cendres encore tièdes. Des cicatrices recouvertes de papier de verre. L'odeur du rien. Un espace creux, béant. La pénitence. Je suis vide. J'ai peur. Je suis vide. De douleur. Je suis vide. De haine. Et je veux brûler encore. Laisse moi brûler encore. Me faire assaillir, par la
douleur, un Tout qui s'enflamme. Et qui brûle. Qui brûle…