Retomber amoureux

À Lyon, tu respireras. Tu vivras, tu feras le silence, et nous ferons l'amour. Cela te reposera de toutes les mains que tu serres, de toutes ces cigarettes électroniques que ça fait classe de fumer, des festivals en Avignon, de tout ce que tu fais et qui n'est pas écrire, c'est sûr. Tu as «  la tentation du vide » depuis longtemps, je l'ai entendu. Mais moi, j'ai le désir que tu vives. Le Lyon et ta lionne te feront connaître la Terre pour la première fois, comme si tu fermais les yeux sur Abel, sur le Grand Palais, sur Braque et la tendresse. Je t'aime depuis sept mois, tu as tout à apprendre si tu veux nous aimer plus encore qu'Abel, et je crois que c'est possible ! Je t'apprendrai, Esther, à retomber amoureuse ! Respirer l'air frais un samedi matin sur le parvis de la gare de Lyon ! Attendre deux heures dans les sièges d'un train accoudée à la fenêtre, ton sac en cuir noir sur tes jambes charnues ! Raconter à une fille l'histoire triste mais tendre d'un premier amour ! Écouter ce qu'elle te racontera de sa vie, différente ! L'embrasser à d'autres plages, connaître d'autres rails, d'autres avril, d'autres printemps ! Pouvoir tout partager ensemble pour ne pas avoir à sacrifier tes rêves à tes amour ! Ne pas perdre de vue que la force de l'amour est dans la rareté ! Prononcer bien plus «  J'aime… à ce nom fatal, je tremble, je frissonne. », qu'entendre trop souvent « Tout ce qui de mon cœur fut l'unique désir ». Garder dans ta tête que tu ne cèderas pas à « Tout le plaisir de l'amour est dans le changement », et garder en mémoire la dernière promesse de ton homme, qui te soufflait « Porte aux pieds des autels ce cœur qui m'abandonne ». Comme ces citations que tu as déjà lues, toi, la théâtreuse, toi la princesse, toi l'impératrice, si j'ose…

Aimer. Enfin. Aimer. S'élever sur un champ de ruines. Aimer. Fermer les yeux. Aimer. Mettre le feu à la pluie. Aimer, aimer, aimer. Jusqu'au dernier soupir.