Retour à Careizac

effie

Retrouver ses racines.

La grille grinça lorsque j’abaissai la poignée. Elle me parut lourde à bouger. Cela faisait si longtemps que je n’avais posé les pieds sur le sol de mon enfance. Il n’y avait personne pour m’accueillir. C’était d’un calme. Si ce n’est les cloches au loin que faisaient teinter les Salers en secouant leur tête fière.

Je reconnus les senteurs de la campagne. Le parfum des prés, de l’herbe coupée, de la bouse. La fraîcheur de l’air que la rivière continuait à vivifier, malgré son débit très appauvri. Presque un ruisseau aujourd’hui.

Le marronnier dans la cour avait perdu ses feuilles. C’était un tapis qui craquait sous mes pas alors que je pénétrai dans le domaine. Les grosses pierres qui me servaient de siège autrefois étaient recouvertes de mousse. Les rosiers qui couraient le long de la clôture agonisaient depuis longtemps. Un volet au deuxième étage tanguait dangereusement. Le lierre s’était approprié la façade, la recouvrant presque entièrement.

J’approchai de l’entrée. La porte était entrebâillée mais je ne l’avais pas remarqué de prime abord. Ce qui me convenait parfaitement, vu que je ne possédais pas les clefs. Je fus prise d’un sentiment révérencieux mêlé de crainte. Une bourrasque malmena le tapis de feuilles mortes, les faisant tournoyer jusqu’à moi, alors que je tentai vainement de pousser la porte. Je stoppai net, sous la frayeur. Le vent enflait, grondant de plus en plus fort. Le ciel s’était obscurci depuis mon arrivée sans que j’y prête attention.

Tout m’avait paru si paisible, inhabité. Je n’avais pas croisé âme qui vive en descendant le village. D’ailleurs, qui voudrait vivre encore ici. Ma mère me disait, enfant, que Dieu ne s’était penché que deux fois sur notre hameau, la première fois pour le créer, la deuxième pour l’abandonner.

Et maintenant, ce brusque déchaînement des éléments. De grosses gouttes se mirent à tomber m’incitant à pousser la porte de tout mon poids…

  • Et ? Parce qu'on a envie de savoir ce qu'il y a derrière cette porte, parce que tu plantes tout le décor que l'on a aucune difficulté à visualiser.
    Le vent s'est levé, un volet a claqué ? Joli , très

    · Il y a plus de 10 ans ·
    La main et la chaussure

    Stéphan Mary

    • Bonsoir, je dois d'abord rêver la suite ! elle est en sommeil.

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Avatar effie 231d20e 92

      effie

Signaler ce texte