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redstars

 

J'ai enfin arrêté de pleurer. (pour le moment en tout cas)

Voilà, elle a gagné, la maladie. Elle s'est mise entre nous, et elle t'a fait craquer. J'ai mal à la tête ce matin. D'avoir trop bu hier soir, pendant que tu étais chez un ami. J'avais ôté les vases aux roses « éternelles » du salon, posées sur la table de la cuisine, avec les bouteilles vides qui me valent désormais une violente migraine et des maux de ventre. Tu m'en as voulu énormément en rentrant, d'avoir saisi en plus des bouteilles vides, ces « symboles » pour les fracasser contre le mur. Peut-être aurais-tu préféré que je me coupe avec les morceaux ? Que je creuse jusqu'aux veines ?...

 

J'ai passé une nuit atroce. J'aurais dû rester debout, au point où j'en étais. Mes yeux sont gonflés, plissés, d'avoir pleuré toute la journée d'hier. Tu as dis à la thérapeute que tu as pris conscience que ce « truc » que j'ai ne partira jamais. Que non, tu ne me « sauveras pas ».

Tu sais au fond, je ne t'en veux pas. Je suis juste morte avant l'heure. Vide. Sonnée encore, choquée toujours, avec un creux en dedans que rien ne comblera plus jamais. J'ai juste envie de mourir, parce que si je luttais, c'était pour nous. Mais je dois attendre un peu. Et faire enfin preuve de courage. J'aurais voulu hier, quand l'alcool a commencé à agir. J'ai mis « Jenny » de Nothing More à fond dans le bureau. J'ai posé deux oreillers par terre, fermé les volets, la porte à clef, saisi un couteau, tâté mon cou, pour chercher l'endroit où se cache la carotide, je me suis encouragée, à voix haute, j'ai crié : « va-y putain, va-y, espèce de lâche ! ». Mais non. J'ai pas osé. Alors j'ai arrêté la musique, rouvert les portes, et j'ai tout balancé contre le mur, tout fait voler en éclats, comme tu l'as fait avec notre couple.

 

Tu ne liras jamais ces mots. Et j'appréhende ton réveil. On va sans doute s'ignorer toute la journée, vu ton état hier soir. Je vais m'allonger, rester coucher, attendre. Attendre que rouvre la route, que fonde la neige, que mon barrage soit accessible. C'est plus simple qu'un coup de couteau. J'ai déjà deux fois sauté d'un pont. L'élastique n'était qu'un détail alors.

 

Le jour dehors est gris et triste, maussade et terne. Comme dans mon cœur, à supposer que j'en dispose encore d'un après toutes ces années, toutes ces histoires, toutes ces ruptures. Parce que je ne suis pas de celles qui sont stables et finissent la bague au doigt. Je suis de celles qui finiraient avec des chats, mais même ça, je ne pourrai pas, étant allergique. Des chiens peut-être oui. Pour me dévorer quand enfin cette putain de mort fera son apparition. Si je manque de courage au printemps...

 

Dans onze jours, ce sera mon anniversaire. T'as encore bien choisi ton moment. Quoi qu'après tout, je m'en fous. C'est comme ça désormais, plus rien ne m'intéresse, n'attise mon attention. Je n'ai plus rien à perdre, et je crois que cela me donne une force terrible. Que je peux, à mon gré, choisir négative ou positive.

Mais voilà, y'a qu'un truc que je sais vraiment faire dans la vie, c'est m'autodétruire. Et vu que, si j'ai bien retenu tes mots face à la thérapeute, perdre une amie serait plus facile pour toi qu'une petite-amie, et quand je dis perdre, c'est en mourant, alors quelques coupures que tu ne verras pas, cachées sous les vêtements, ne te feront de tort. Je vais continuer de perdre du poids, de vomir ce que j'estime être trop, même si le sang revient quand je rends mes repas. Je veux que tout mon corps crie ma souffrance. Ne plus avoir à parler. Qu'il suffise de me regarder. Pour comprendre qu'il ne reste plus rien de vivant en moi.

 

Oui, je l'ai déjà dis. M'autodétruire, c'est ça la seule chose que je sais faire.

Et maintenant, encore une fois, non, je n'ai plus rien à perdre.


  • Je viens ici, je lis et relis tes mots, tes textes. Et je me dis que c'est un tel gâchis. Tu aurais tellement mérité de vivre heureuse. Pardonne moi de n'avoir su t'aider.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Ngc2440 w dwarf 465

    beatrice-ferzione

  • Tu ne reviendras plus ici. Ce texte, comme trop de choses a un goût de dernière fois. J’ai cherché des réponses partout, sur tous les sites que tu as traversé. J’ai cherché tes dernières 24 heures. Et elles sont là. Pardonne moi. De ne pas être venue lire plus tôt.
    Ton absence est un coup de cutter dans ma chair. J’ai mal, à en crever de toi. J’espère que le temps apaisera le cratère immense sur ton absence à creusé.

    · Il y a presque 7 ans ·
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    lywellyne

  • très réaliste et puissant.

    · Il y a presque 7 ans ·
    9d6a62b8376af522eb69490b5b579fd8 (1)

    goodcyrilwriting

    • c'est surtout la réalité. merci

      · Il y a presque 7 ans ·
      Zt245dd

      redstars

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