Retour de flammes pt.2

Comment peux-tu feindre de ne pas voir de quoi je parle ? Mais, d'un autre côté, comment aurait-il pu en être autrement ?

Je pleure cette injustice. Je pleure cette lâcheté sans borne.

Je m'attendais à plusieurs réactions de ta part. Je t'imaginais déjà m'appeler, fondre en larmes, te confondre en excuses ; voire les trois en même temps.

Là, je t'avoue que tu as fait ressortir une rage folle. Il est impossible que tu aies oublié. À cet âge on n'occulte plus les événements gênants. Je comprends que tu préfères nier. Seulement l'ardoise se charge, encore, et les nerfs deviennent des coups de tonnerre fulgurant.

Chaque respiration fait mal et me déchire le coeur.

J'ai osé, et ça m'a coûté suffisamment ; ou du moins je le pensais. Avoir dû te supporter toutes ces années me répugnait. Ton odeur, ta voix, ton corps qui traîne ici et là dans la maison. Devoir mentir, faire semblant, taire ces irrépressibles envies de te gerber dessus, de t'étrangler et voir la vie s'éteindre dans tes yeux. Encore et encore. Un raz-de-marée de haine qui m'emplissait le coeur, et que je taisais, pour le bien de tous. Pour le confort de cette vie en communauté. Pour des broutilles, en somme, car plus je prenais sur moi et plus je me sentais sale.

Tu as toujours joué ton rôle d'homme malheureux et seul, à la perfection.

"La vie est une chienne,

Viens dans mes bras

Laisse-moi pleurer, trop-plein de haine,

Heureusement que tu es là, (E.)"

Et pendant ce temps je brûlais, je t'assure, la peau me démangeais, jusqu'au sang, je voulais simplement disparaître. Je savais qu'entre toi et moi, jamais tu n'assumerais. Qu'il me faudrait avaler encore et encore mes rancoeurs, et ça débordait mais nulle autre solution ne s'était présentée.

Seulement il est temps pour moi de vivre, de me débarrasser petit à petit de mes démons, ils pèsent trop lourds, ces cons.

Cela ne tenait qu'à moi. Et, sans savoir pourquoi, après des mois de silences, tu es revenu me parler. Je t'ai lâché cette bombe. J'avais les yeux flous et l'esprit qui tournait dans le vague.

Je t'ai lâché cette putain de bombe. Littéralement, elle dormait au chaud, grossissait, car je l'ai nourrie des années durant, elle étincelait, ronronnait, tourbillonnait au calme en se frottant aux parois. Là voilà sortie et malgré tout ça, tu as réussi à me faire sentir con, une fois de plus !

Une ultime fois.

Je te l'ai dit et maintenant rien ni personne ne me fera revenir en arrière.

J'espère toujours te faire souffrir de mes propres mains, te voir agoniser sous mes yeux et payer le prix fort pour tes dérapages.

En attendant je trace ma route, plus légère, sûre que le retour de karma se fera au moment voulu. On se chargera de ton cas.

Sois-en sûr.