Retournement de situation

little-star

*bip bip* *bip bip* Eh merde, mon réveil sonne. Allez, go debout. Une douche, histoire de bien se réveiller. Voilà c’est fait. Et hop des sous-vêtements. Est-ce qu’il fait beau ? Moyen. Short ou pantalon ? Jupe exclu. Je choisi le pantalon en faux cuir. Mais maintenant, quel haut choisir ? Mon t-shirt blanc avec un décolleté, il siéra. Passons à l’étape maquillage. Suis-je motivée ? Mais oui. Go pour le trait d’eyeliner. Et merde, je l’ai foiré. Coton tige pour enlever. Et on recommence. Voilà l’œil droit c’est bon. L’œil gauche ? Yes, réussi du premier coup. Un peu de mascara, du gloss, c’est bon le tour est joué. Je descends les escaliers afin de me trouver dans la cuisine. Oh non ! Qu’est-ce que j’entends ? Mon réveil ! Vite j’accours à nouveau dans ma chambre pour l’éteindre avant que le reste de la famille se réveille. Ouf, j’ai sauvé la mise. Quoique, j’ai peut-être parlé un peu trop vite : C’est quoi ce son ? Et merde ! Ah non, c’est le chat. Fiou, je l’ai échappé belle.  Je repars direction la cuisine. Je choisi de prendre un bol de céréales. Mais, où sont mes céréales préférées ? Bien sûr, évidemment, il n’y en a plus. Tant pis sœurette, c’est les tiennes que je mange. D’ailleurs elles ne sont pas mauvaises. Je débarrasse mes affaires, histoire de jouer à la fille modèle puis direction salle de bain : ma brosse à dents m’appelle. Trois minutes plus tard me voilà enfilant ma paire de chaussures préférées, mes converses toutes cassées, vieilles et déchirées. Pas grave, je les aime. J’attrape ma veste en jeans au passage, et me voilà sur le chemin de l’école. Wow, on dirait que j’ai cinq ans, c’est mi-gnon. C’est qui que j’entends crier mon nom ? Ma voisine. Et merde. Je l’adore, il ne faut pas se méprendre, mais dès le matin, c’est dur. Très dur. Comment ça va aujourd’hui ? Me demande-t-elle. Comme j’ai envie de l’ignorer, mais je lui réponds tout de même que tout va pour le mieux. Ah ça me fait plaisir, trouve-t-elle à dire. Mais oui, comme si ça la touchait, la blague. Jusqu’à la gare je me la coltine, pendant qu’elle me raconte sa vie, son chat, son copain, ses parents qui lui offrent une décapotable pour ses dix-huit ans. Moi qu’est-ce que j’ai eu, un gâteau d’anniversaire. Et je dois en être heureuse, mon grand frère, à lui, on avait tous oublié son anniversaire. Bref, le train daigne enfin arriver, avec seulement 10minutes de retard. Quelle chance, un bout de mon cours d’allemand y passe. Voilà qu’il commence à pleuvoir. Mon super brushing est fichu, je ressemble plus à rien. Merde, merde, merde. Surtout qu’aujourd’hui je risque de LE croiser. Oui on a cours à côté cet après-midi. Pas le temps de pleurnicher, direction deutsch. Ja, ja entschuldigung, m’excuse-je à ma prof. Sinon elle risque de littéralement casser son stylo pour me prouver qu’elle est furax que je ne prenne pas son cours au sérieux. Super, au fond de la salle il reste encore une place pour moi, une place vide. Je n’ai guère envie d’écouter les niaiseries de mes amis en couple, ou pire, devenu célibataire depuis peu. Qu’est-ce qu’ils peuvent être gnangnans ! Je réponds à deux-trois questions que Mme. Deutsch me pose. Je l’ai échappé belle, je m’en suis plutôt bien sortie. Ah, ça sonne, cours suivant. Anglais. Bien, c’était ma branche préférée jusqu’à ce qu’on se coltine ce dinosaure. C’est devenu un des cours les plus chiants et inutiles. J’apprends plus en regardant Gossip Girl en anglais à la tv, imaginez. Je m’endors...  …Bizarre, je sens qu’on me serre le bras. Ahh le cours est fini, mon voisin de table me réveille. Que c’est gentil à lui de faire attention à moi. Eh bien, c’est déjà midi. Avec mes potes, sur le chemin du magasin MANGER. Nous discutons de nos weekends. Oui oui, c’était très bien. Je suis sortie. Oui j’ai fini déchirée. Non je ne me suis pas perdue j’ai réussi à rentrer chez moi. Et vous ? Qu’avez-vous tous fait ? Très intéressant. Non, tu n’es pas sérieuse ? Tu t’es remise avec lui ?! Je ne sais pas quoi dire. Ainsi de suite jusqu’aux caisses, puis aux bancs où l’on s’assied pour manger. Pour ma part ça sera un sandwich tomate-mozza’ avec une petite salade et un petit pain aux noix. Je n’ai pas très faim, ça me suffira largement. J’ai quand même pris une barre de chocolat au cas où. Quoi du chocolat, et le régime ?! C’est simple, je n’en fais pas. Après avoir fini et être retournés en cours, je m’observe dans mon miroir de poche pendant que Mme. Math nous explique ce qu’est une asymptote. Ça va, mon maquillage est bien, mes cheveux : la catastrophe n’est pas trop grande, ma peau est impec’. Je regarde ma montre. Dans exactement 12minutes je vais le voir. Normalement. S’il vient en cours. S’il n’est pas en retard. S’il n’a pas un empêchement. Je pourrais continuer comme ça longtemps. *dring dring*. Je me précipite de ranger mes cahiers. Pas le temps de dire ouf, que me voilà devant ma nouvelle salle de classe à L’attendre. Et merde, ça se voit que j’attends quelqu’un. Que faire ? Tien, oui, je sors un livre. Voilà, ça donne de moi l’image d’une fille intelligente. On me touche l’épaule. YOUPIE c’est Lui. Il me sourit. Je pourrais me perdre dans Ses yeux. Oui je vais bien, merci. Et toi ? Tu as fait quoi ce weekend ? Oh et c’était bien ? Ce que je fais samedi ? Je n’ai encore rien de prévu. Un ciné ? Impec’ ! Oui oui, à samedi. WOOOAUUUWW ! On a un rendez-vous ! Bon je ne sais pas si on y va en ami, ou s’il y a plus. Je n’ai pas envie de trop y penser, au risque d’être déçue. Encore quatre cours et j’ai enfin fini ma journée ici. Je suis sur un nuage. Lui, Lui, Lui, Lui. Lui, Moi, Lui, Moi. Lui avec Moi, Lui avec Moi. Un peu de concentration, géographie, et interrogation qui plus est. Tien, facile, je connais la réponse. Ah, bah là aussi. Et une de plus. C’est avec une facilité déconcertante que je finis ce questionnaire. Je suis plutôt fière de moi. C’est bon, prête pour les deux derniers cours : gym. Je me change, deux trois mouvements me voilà dans un short noir et un t-shirt coloré. Aujourd’hui c’est volley. Pas de bol, je me retrouve avec les perdus de la classe. Pas grave, on fait avec ce qu’on a. J’ai, j’ai pas. C’est comme ça que ce fini ma journée de cours.  Je retourne dans les vestiaires, me rhabille et direction gare. Sur le chemin, je croise ma voisine. Oh tu ne sais pas quoi, Il m’a invitée au cinéma ! Oui ! Génial. Enfin je ne sais pas. Qu’est-ce que je vais mettre ? Et mes cheveux ? Lisse ? Frange ? Et merde, me voilà transformée en elle. Elle me conseille, c’est tout gentil, il ne faudra pas que j’oublie de la remercier. C’est en ce qui me semble deux pas que je suis chez moi. Merci beaucoup, bye! Lui crie-je. Je rentre, lance mon sac à l’entrée, jette mes chaussures, soupire, et souris face au silence. Je suis heureuse. Je suis devenue l’image qui ne me colle pas. Je suis devenue comme elle(s). Mais ce n’est pas grave : samedi, je vais au cinéma avec Lui.

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