Rétrospective essentielle

coco-nbks

Je viens d'arriver sur cette page avec une envie furieuse de tout mettre à plat, ou essayer de tasser certaines bosses. En vérité c'est le chaos dans ma tête, bagdad n'est pas très loin et j'entends le bruit des fusils d'assaut.

 

La vie est faite d'embûche, cette affirmation n'est plus un scoop et de mon côté, depuis des années l'information est bien imprimée dans ma petite tête bien remplie.

 

Je pensais simplement que ces embûches pourraient s'arrêter un jour, au moins un petit temps, ne serait-ce que pour bénéficier d'un petit peu de répit. Il n'en est rien, j'enchaîne les obstacles, un par un, mais j'avoue qu'un certain moment la fatigue se faire sentir… A la limite de l'agacement.

 

Depuis 2016 ma vie est différente, je ne vais revenir ici sur mon passé. Enfin, si. Finalement c'est même le titre de ce texte "rétrospective essentielle", malheureusement ça ne fera pas apparaître un arc en ciel… Au contraire, je crois que dehors il fait noir, comme dans mon fort intérieur ce matin.

 

Je me suis battue et me suis retrouvée dans une nouvelle vie de façon assez rapide et spectaculaire, comme téléportée. J'ai fais le chemin pour parvenir à rester dans le "moule" et ne plus exploser en mille morceau. Je m'en suis un peu sortie même si j'ai sur mon cœur une cicatrice qui ne sera qu'à moitié refermée pour ma vie entière. Des projets en tête, à deux. Une perspective de vie à trois… Un joli projet, une envie de construire une vie, une envie de donner la vie. Comme si je me rendais compte à quel point elle était précieuse et finalement pas si moche que cela. Mais la galère me rattrape. Début d'une lourde prise en charge, une embûche de plus. Comme si mes briques de construction étaient périmées… Hors d'usage. Alors on doit construire autrement, plus lentement mais aussi d'une façon beaucoup plus agressive. Un juste retour des choses ? Le destin ? A l'intérieur c'est si pourri que ça qu'un embryon ne s'y accroche pas ? Et s'il ne fallait pas ? Je me pose des questions... Cela déborde.

 

La perspective de cette construction de vie de famille est-elle logique ? Raisonnable ? Fais je ça pour me prouver à moi-même et aux autres que je suis capable ? Un besoin d'être rassurée ? Confortée dans l'idée que je vais "mieux" ? Je vous avoue que toutes ces questions restent sans réponses et j'ignore si se les poser est une chose saine. Je souhaite construire ma famille mais je ne sais pas pourquoi... Le problème est posé...

 

Enfanter, donner la vie, mettre au monde un petit être. Faire ce que j'ai reprocher à mes parents il y a 7 ou 8 ans: me mettre au monde et me plonger dans cette vie tellement absurde et dépourvue de sens. J'ai appris qu'une autre façon de la voir était possible, j'ai simplement une peur bleue de transmettre ma personnalité complexe à mon enfant. Lui transmettre tout mon négatif, le démon en moi, ma double personnalité, mon côté sombre, mes peurs, mes angoisses. Je suis terrorisée à l'idée qu'il se retrouve dans ma situation passée et ne pas assurer pour l'en extraire.

 

A côté de ce projet de vie réside en moi la peur de replonger, la peur qu'un jour dans ma tête cela déraille à nouveau, pour "X" raisons. La marge entre mon état passé et présent n'est pas assez grande selon moi, la sérénité n'est pas au rendez-vous, j'ai besoin de plus d'espace entre les deux mais je ne parviens pas à libérer cet espace. Je n'ai aucune idée de la façon dont je dois m'y prendre. Je souhaite plus d'espace entre mon passé et mon présent mais celui-ci ne doit pas être excessif. Trop loin, je ne pourrai le supporter, trop prêt, la peur de retomber est trop présente. Un juste milieu à trouver donc, le casse tête du siècle. La contradiction dans son plus simple appareil... "Pas trop prêt, pas trop loin". Je savais que ma vie suite à ce passé n'allait pas être facile, mais de là à devoir chercher constamment des compromis pour satisfaire les deux personnalités: je n'y pensais pas. Et pourtant, c'est ce qui est en train de se produire.

On me conseil de jeter tous les textes du passé, j'en suis tout simplement incapable et surtout, je n'en ai aucune envie. Pas la moindre. Supprimer les liens du passé reviendrai à tuer une partie de moi. Ce sentiment de morcellement est toujours présent en moi depuis ma tendre adolescence et fera certainement partie de ma vie tout entière. Quelques années en arrière, mon discours était identique à ce que je ressens encore aujourd'hui et se résume en ces quelques mots : "la peur de devenir quelqu'un que je ne suis pas". Tant années à me raccrocher à mon symptôme, symptôme dans le sens psychanalytique: le conflit inconscient. Je ne parle pas ici d'une maladie mais de mon symptôme qui fait conflit en moi et qui, à un moment donné à surement coupé un cercle du nœud borroméen et m'a fait décompenser. Tant d'années à m'y raccrocher qu'il m'est désormais impossible de l'abandonner. Je dois sans cesse m'y raccrocher, comme me raccrocher à ce passé. La raison de cela ? Je l'ignore encore à ce jour. Cela fait plus de 5 ans que je cherche la réponse. Je pense que mon vécu, les choses qu'il se sont passées, les sentiments, ressentiments, pensées, mes agissements, ma réalité fissurée rentrée en conflit avec l'imaginaire, mon errance psychique sont arrivés tellement vite et sont allés tellement loin et haut.. C'était tellement puissant, agressif, spectaculaire, qu'il était peut être illusoire que mon corps, mon esprit, et mon psychisme puissent s'apaiser et refermer les cicatrices en une petite poignée d'années. Il est, je pense, temps de réaliser que je devrai  peut être composer avec ces évènements toute ma vie, sans chirurgie pour refermer les blessures. Je n'ai eu le droit qu'un sparadrap, la vie et le temps feront-ils le reste ? A moi de me résigner, accepter de devoir composer ma vie avec cette cohabitation sans bail signé notifiant une date de fin ? La question est posée…

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