Rêve guatémaltèque

Sophie Marchand

passer de l’autre côté du miroir...

Cela faisait longtemps que j'en avais envie, passer de l'autre côté du miroir, voir ce qu'il y avait derrière.
J'avais parfois quelques rares réminiscences de rêves sublimes dont je me réveillais à la fois comblée et oppressée par la tâche qui m'attendait.
Là-bas, tout était plus beau, plus lumineux, plus intense : les lacs bleu azur, les stries vertes des étendues de maïs, le blé mûr flamboyant, les grains rubis des caféiers, les taches neigeuses du coton…
Je suivais le sentier qui cheminait au milieu des cultures puis qui grimpait progressivement me révélant peu à peu que j'étais sur un volcan.
La végétation se faisait plus rare, je marchais sur une terre noire et poussiéreuse.
Combien de temps devrais je marcher pour arriver au sommet ? Peut-être des heures, il se perdait au milieu des nuages mais il m'aimantait.
Alors que je me décourageais presque d'y arriver, les nuages s'éparpillaient, libérant une vue abyssale sur d'autres paysages.
Je n'avais pas rencontrer âme qui vive. Aucun bruit.
J'étais bel et bien prisonnière de mes pensées qui m'avaient projetée dans une succession labyrinthique de tableaux inconnus ou d'autres que mon œil reconnaissait peu à peu ; subitement, le décor changeait, je me retrouvais noyée au milieu de champs de coquelicots ou de tournesols, longeais des étangs remplis de nénuphars, des canaux, franchissais des ponts qui avaient été immortalisés depuis bien longtemps.
Puis je me réveillais, épuisée d'avoir tant marché, la tête pleine de couleurs.
Alors, je sautais hors de mon lit, attrapais mes pinceaux, mes palettes et mes couleurs pour tenter de faire revivre mes rêves.


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